Ce n'est pas le cheval qui est au centre

Encore un film qui me démontre que j'ai décidément des goûts bien bizarres.


Je confesse que ce film m'a émue, moi qui ne me laisse pas si facilement prendre, et qui n'aime même pas vraiment Spielberg, et je dirai pourquoi.


J'aime les animaux, c'est vrai, mais pas les films animaliers à l'excès, surtout pas.


Concernant les autres critiques, je suis surprise qu'on destine ce film à un si jeune public, je ne mettrais pas mes gosses devant. Pour les scènes ridicules des français qui parlent anglais entre eux en France, c'est super ridicule, mais on fait aussi "pire" dans les films français, seulement vous ne le voyez pas. Et surtout, vous faites déjà tous la moitié de vos critiques en anglais, il y a juste les mots de liaison qui restent en français dans le corps de la critique, alors c'est pareil.


Ce film est une sorte de conte, c'est sans doute la raison pour laquelle il a rebuté pas mal de gens. Si on la prend au premier degré, l'histoire est abracadabrantesque, difficile à avaler, nulle.
Les chevaux pris dans la guerre par la folie des hommes, alors qu'il n'ont rien demandé à personne, c'est triste, c'est injuste, c'est révoltant bien sûr, mais ce n'est plus grand chose , c'est du pipi de chat, en comparaison des familles atomisées, des enfants, des jeunes gens qui mentent sur leur 14 printemps pour se faire enrôler (c'est authentique) et dans ce film, j'y ai vu tout ça, et c'est bien réel, ce n'est plus du domaine du conte ou du symbolique.


Non, le cheval n'est pas le héro de ce film, le cheval est un prétexte. On s'attache à la destinée de tous les gens simples, héroïques à leur manière, que celle du cheval traverse de manière fugace. Le cheval est le prétexte et le Graal, symbole de la vie d'avant la Grande bascule, rurale, agreste, une forme de vie neutre qui ne prend pas position dans cette foutue guerre, symbole de l'absurdité, comme si on se réveillait d'un rêve pour se demander si tout ça est bien réel, de l'innocence de tout, enfants, animaux, maisons, qui se font broyer quand même.


Il y a une scène que j'ai trouvé belle, très bien réalisée, riche de sens, juste. C'est la scène où un soldat anglais et un soldat allemand se retrouve tellement absurdement proches au milieu du champ de bataille, à faire de la dérision sur la vie dans les tranchées, à faire affectueusement mine de se toiser, et à conjuguer leurs efforts pour se livrer à un sauvetage dérisoire qui prouve que l'aliénation de toute cette boucherie ne leur a pas encore ravi toute trace d'humanité et de faculté de compassion.
Ça m'a beaucoup rappelé ces histoires qui circulent, de soldats sur les champ de bataille franco-allemands qui sympathisaient brièvement le jour de Noël, le temps de partager un bout d'un maigre repas censé figurer celui du réveillon de noël. Parce qu'ils y étaient brièvement autorisés. Renforçant ainsi un peu plus me sentiment d'absurdité de cette guerre: deux enfants du même âge, se ressemblant, qui n'ont rien l'un contre l'autre et n'ont aucune raison de s'entretuer.
Cette scène, c'était ça, c'était l'esprit avec d'autres mots, un autre prétexte.


Le film n'est pas non plus désagréable esthétiquement, les scènes du cheval effréné, c'est un thème déjà tellement traité au cinéma et rebattu, que c'est indéniablement réussi, et je vais vous surprendre, même la scène où on voit l'appaisement et les espoirs les plus fous qui se matérialisent, dans une lumière irréelle de fin du monde ou de début, on ne sait plus, fait sens pour moi. Dans ces moments-là, je me fous de savoir si le metteur en scène abuse ou non des filtres orange.

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le 11 nov. 2016

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Perce-Neige

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