Sorti en 2015, Chevalier, réalisé par Athina Rachel Tsangari, est une comédie satirique qui explore les dynamiques de pouvoir et l'ego masculin à travers le prisme d'une compétition aussi absurde qu'originale. Inscrite dans la vague du "Greek Weird Wave", cette œuvre se distingue par son ton à la fois sec et humoristique, offrant une critique subtile des comportements masculins dans une société qui valorise la compétition et la domination.
L'intrigue se déroule à bord d'un yacht de luxe où six hommes, lors d'une croisière, décident de participer à un jeu qu'ils appellent "Chevalier". Le but du jeu est simple mais ambigu : déterminer lequel d'entre eux est "le meilleur". Pour ce faire, chaque aspect de leur vie, du plus trivial au plus intime, est évalué et comparé. Les hommes, qui sont initialement présentés comme des amis ou des collègues, se retrouvent rapidement plongés dans une rivalité qui met à nu leur vanité, leur insécurité, et leur besoin de validation.
Le film est remarquable par sa mise en scène minimaliste et son rythme lent, qui permettent de mettre en lumière les interactions entre les personnages. La caméra de Tsangari capture avec une précision presque clinique les petits gestes, les regards furtifs, et les silences lourds de sens, révélant la fragilité qui se cache derrière l'ego masculin. Le huis clos à bord du yacht devient ainsi un microcosme de la société, où les règles du jeu sont à la fois ridicules et révélatrices des dynamiques de pouvoir.
L'humour de Chevalier est subtil, parfois difficile à saisir, mais toujours incisif. La satire repose sur la banalité des situations et la manière dont les hommes se prennent au sérieux dans leur quête absurde pour prouver leur supériorité. Le film ne cherche pas à provoquer des éclats de rire, mais plutôt à susciter une réflexion sur la nature des compétitions sociales et sur l'insécurité qui les motive.
Cependant, cette approche minimaliste et le rythme délibérément lent peuvent être un obstacle pour certains spectateurs. Le film demande une certaine patience et un goût pour l'absurde et l'ironie pour être pleinement apprécié. De plus, l'absence d'une véritable progression narrative ou de moments de tension dramatique peut laisser un sentiment d'inachevé, comme si le film s'arrêtait avant d'avoir vraiment commencé.
En conclusion, Chevalier est une œuvre singulière qui réussit à capturer, avec une ironie mordante, la vanité et l'insécurité qui se cachent derrière les façades masculines. C'est un film qui interpelle par sa simplicité et son observation fine des comportements humains, bien qu'il puisse désarçonner par son rythme lent et son absence de résolution claire. Pour ceux qui apprécient le cinéma d'auteur et les satires subtiles, Chevalier offre une réflexion provocante sur la nature de la masculinité et de la compétition.