Pas emballé
Ennuyeux, ce classique accuse les années, la faute à des acteurs peu crédibles, ainsi que des scènes d'action illisibles. Reste que la réalisation de Fuller offre quelques beaux plans et que le thème...
le 4 oct. 2021
1 j'aime
Premier long métrage ayant pour sujet le conflit indochinois, et, par extension, premier film étasunien pré-Viêt Nam, China Gate de Samuel Fuller compte parmi les films de guerre majeurs de la riche filmographie du cinéaste. Second film réalisé pour le compte de la 20th Fox de Darryl F. Zanuck avec Quarante tueurs en 1957, en sus du Jugement des flèches pour la RKO, China Gate s'inscrit dans la droite lignée des classiques J'ai vécu l'enfer de Corée et Baïonnette au canon!.
Six ans après ses précédents films de guerre, réalisés alors durant le conflit coréen, Samuel Fuller revenait aux affaires, cette fois-ci, trois années après les accords de Genève qui marquaient la fin de la guerre d'Indochine. Long métrage produit en pleine Guerre froide, China Gate, et son prologue marqué par son colonialisme et son anti-communisme : "Il y a plus de trois cent ans les missionnaires français ont été envoyés en Indochine pour prêcher l'amour de Dieu et l'amour fraternel entre les hommes. [...] Après la fin de la guerre de Corée, la France s'est retrouvée seule pour protéger le pays et a combattu pour freiner le communisme et le pillage de l'Asie.", aurait pu n'être qu'une série B de propagande. Or, c'était bien vite oublié le nom du cinéaste et auteur du scénario : Samuel Fuller.
Tourné non pas en Asie, mais dans les décors extérieurs de la RKO, China Gate répond à l'argument de J'ai vécu l'enfer de Corée, soit une mission en terrain ennemi composée d'un commando composite (dont deux américains, un français, un grec, un hongrois), avec, une fois n'est pas coutume, à leur tête, en guise de guide, une femme menant ces militaires jusqu'à la porte de Chine. Angie Dickinson, qui avait précédemment doublé l'hispanophone Sara Montiel pour Le Jugement des flèches, incarne dans la grande tradition des héroïnes de Samuel Fuller un personnage fort. Passé maitre dans « l'art du paradoxe », Fuller fait de son scénario l'instrument de ce renversement des valeurs, pour mieux dynamiter les lieux communs hollywoodiens. Le héros blanc étasunien est un raciste, qui a abandonnée Léa à la naissance de leur fils, le sergent Brock ne supportant pas d'avoir un enfant métis aux yeux bridés, tandis que le commandant communiste, ancien instituteur, est prêt à accueillir et à élever ce fils dont sa mère s'avère être l'unique amour de Cham.
Film éminemment personnel dans la filmographie du grand Fuller, China Gate offre au chanteur Nat “King” Cole, comme le veut la formule, un rôle à la mesure de son talent. Non content d'écrire un personnage inspiré par lui-même, Fuller insère, par deux fois, dans son film un intermède musical avec la chanson-titre interprétée par Cole/Goldie. Parenthèses loin d'être anecdotiques qui s'intègrent naturellement au récit, ces séquences aux paroles mélancoliques servent de parfait contrepoint. "En ce qui me concerne, vous et les gars au marteau et à la faucille pouvez continuer à vous battre" déclare, sans équivoque, Léa, qui est "un peu de tout et beaucoup de rien du tout". Métisse, dont la mère était Moï, "« Sauvage » en Vietnamien", la belle aux longues jambes ne cache pas son détachement envers cette guerre et sa haine contre Block "j'apprends à haïr rien qu'en te regardant", seul compte pour elle désormais d'envoyer son fils en Amérique, et quel qu'en soit en le prix à payer pour elle.
Film de guerre réalisé par un ancien vétéran de la Seconde Guerre mondiale, China Gate s'écarte, on l'aura compris pour celles et ceux qui connaitraient mal, ou peu, Samuel Fuller, du long métrage binaire comme pouvait le laisser supposer son prologue. Villes et villages en ruines, personnages confus et victimes de la guerre, le constat est des plus amers. "Les pilotes français sont stupides, tout comme les Américains. Ils ne bombardent pas les temples et les églises. Nous bombardons tout. Donc nous allons gagner" confesse Cham à Léa, or, comme évoqué plus haut, rien n'est aussi simple chez Fuller, le héros blanc est un raciste et l'ennemi est un personnage sentimental.
Filmé en cinémascope dans un noir et blanc signé Joseph F. Biroc (La vie est belle, Fureur apache), China Gate convie, enfin, en sus de Gene Barry qui joue la même année dans Quarante tueurs, plusieurs habitués du cinéma de Fuller dont Neyle Morrow, Paul Busch ou Paul Dubov, sans oublier la présence de Marcel Dalio dans le rôle du prêtre.
http://www.therockyhorrorcriticshow.com/2019/07/china-gate-samuel-fuller-1957.html
Créée
le 12 nov. 2019
Critique lue 346 fois
4 j'aime
D'autres avis sur China Gate
Ennuyeux, ce classique accuse les années, la faute à des acteurs peu crédibles, ainsi que des scènes d'action illisibles. Reste que la réalisation de Fuller offre quelques beaux plans et que le thème...
le 4 oct. 2021
1 j'aime
VU EN BLURAY La guerre indochinoise est sur le point de se terminer. Une jeune eurasienne accepte de guider un commando pour une périlleuse mission. L'eurasienne a accepté cette mission pour que...
Par
le 6 déc. 2024
Du même critique
— Si nous sommes réunis aujourd’hui messieurs, c’est pour répondre à une question, non moins cruciale, tout du moins déterminante quant à la crédibilité de notre établissement: comment va -t-on...
le 7 mai 2014
20 j'aime
8
La règle générale voudrait qu'un artiste nouvellement signé sur un label, une major qui plus est, n'enregistre pas en guise de premier disque contractuel son album le plus expérimental. C'est...
le 28 juil. 2014
18 j'aime
Prix Louis Delluc 1996, le premier film de Sandrine Veysset, Y'aura t'il de la neige à Noël ?, fit figure d'OFNI lors de sa sortie en décembre de la même année. Produit par Humbert Balsan, ce long...
le 19 déc. 2015
16 j'aime
1