New York, au cœur des années 1980. La communauté chinoise s'étend et gagne du terrain dans le quartier italien voisin, suscitant jalousies et haines raciales. Dans la rue, les gangs de chaque camp s'affrontent pour défendre leur "territoire". Dans cette atmosphère de tensions quotidiennes, Tony l'Italien et Tyan la Chinoise tombent amoureux l'un de l'autre. Malgré leurs familles et leurs clans, ils décident de partir ensemble. L'affrontement entre les deux communautés tourne au bain de sang.
Ce film est une lecture - ou plutôt une relecture - de Roméo et Juliette, version guerre des gangs. Il se dégage de ce film, très noir, une tension palpable à chaque plan. Un sentiment d'enfermement, d'écrasement, vient former autour de nos deux jeunes héros comme une prison où les barreaux sont le poids des traditions, des préjugés et de la famille. Au milieu de ces haines, l'amour de deux jeunes adolescents au destin, hélas, scellé.
Cette œuvre dénonce le communautarisme, tous les communautarismes, ainsi que le racisme et le poids des traditions qui empêchent à deux jeunes gens de vivre normalement. Très vite, leur quartier respectif - leur foyer - finit par se transformer en ghetto, en prison. Une prison dont on ne s'échappe pas.
Le film est d'une extrême noirceur et Abel Ferrara, déjà auteur de "Bad Lieutenant" et de "L'Ange de la Vengeance", n'a pas son pareil pour nous immerger dans les rues de New York et nous faire sentir les tensions qu'elles abritent où les gangs y font régner leurs propres règles au mépris de la loi.
Peuplé d'images fortes et de séquences qui impriment la rétine, China Girl se regarde comme une sorte de ballet nocturne et urbain, dans lequel la violence reste omniprésente.
Un cinéma sans rédemption ni concession. Dans le pur style de ce réalisateur hors normes, quasiment anarchiste.