Ils ne chantent pas, ils ne dansent pas, les hommes ne pleurent pas et ils n'ont pas de ventilateurs.
Ce n'est donc pas un film bollywoodien mais un film indien, nuance.
1902 en Inde
Binodini se retrouve veuve au bout d'un an de mariage et subit donc toutes les contraintes et privations liées à son nouveau statut.
En gros, elle n'a le droit de rien. Elle ne peut porter que du blanc, n'a pas de vie en dehors de servir les autres, n'a pas le droit de se remarier (même s'il se mumure que le remariage d'une veuve ne serait pas anti-religieux après tout).
Elle va vivre dans la maison d'une autre veuve qui vit avec son fils, Mehendra, et sa belle-fille.
Elle est également poursuivie par une superstition qui veut qu'une femme éduquée (et c'est son cas, elle lit, elle parle l'anglais, bref, elle pense) finisse veuve très vite (apparemment cela tue les hommes qu'une femme soit éduquée, comme c'est pratique).
Une attirance physique très forte va se délopper entre Binodini et Mehendra et même temps elle noue une amitié très forte avec la femme qui, elle, est une grosse cruche (surtout pas éduquée, donc monsieur est assuré d'une longue vie sans personne pour l'embêter).
Il se trouve que Binodini avait été proposée comme épouse à Mehendra et même à son meilleur ami, médecin comme lui, mais ils avaient tous deux décliné, effrayés par sa culture.
Binodini, si elle est attirée par Mehendra, tombe amoureuse de l'ami, qui lui est amoureux de la femme de Mehendra à qui il était tout d'abord fiancé, tandis que Mehendra attire Binodini dans une liaison extra conjugale.
En résumé, on se retrouve avec un beau quadrilatère mâtiné de superstitions et de règles sociales iniques.
Tout en finesse, sur fond de mouvement de libération de l'Inde, le réalisateur tisse le portrait d'une femme en déséquilibre avec son temps et qui veut s'affranchir de règles archaïques.
Le parallèle est aisé à faire avec l'Inde en tant que nation qui s'éveille à sa propre liberté.
Malheureusement il est encore trop tôt pour les deux.
C'est vraiment très bien, Aiswaria Rai irradie de beauté et de force, et la sensualité des images est presque envoutante.
Les personnages sont d'une grande complexité même dans leurs monolithiques positions.
Cependant, il manque à ce film une réelle fin ou un réel dénouement à mon avis. La vie de Binodini ne va pas changer de sitôt mais il manque une conclusion à tout ceci. Elle s'affranchit des autres personnages mais cela ne mène finalement à rien au niveau narratif.