Une femme ça coûte un bras.
Si vous me demandez si ça me botte de mater un chambara embarquant Raizo Ichikawa (fraichement découvert dans The Betrayal) et le futur Zatoichi, accessoirement frangin de Tomisaburo Wakayama (Le loup solitaire qui met des bébés dans son caddie), se déroulant à l’aube des évènements de la Vendetta d’Ako (la vengeance des 47 ronins), évidemment que je vais pas bouder mon plaisir.
Bon, par contre il faut pas se leurrer, bien qu’étant tout à fait respectable et réservant son lot de bons moments, on est loin de la fresque épique et jouissive à laquelle on pourrait être en droit de s’attendre.
La faute à un rythme un peu irrégulier qui alourdi le film en noyant ses qualités dans une intrigue qui aurait dû être traitée de façon plus concise et directe, afin que l’aspect narratif, sous forme de flashback, gagne en efficacité. D’autant que les liens entre l’histoire (la petite) et l’Histoire (la grande) semblent ironiquement peu concluant, voire peu pertinent ; en tout cas de prime abord. Disons que l’histoire, souffrant de ces défauts, peine à captiver l’attention du spectateur, et perd de ce fait en lisibilité.
Enfin, c’est mon humble avis.
Heureusement que, paradoxalement, les personnages suscitent plus d’adhésion ; Tange Tenzen (Ichikawa) et Yasubei Nakayama (Katsu) en tête. Les deux acteurs derrière les rôles se montrent solides, convaincus et toujours justes. Et remarquons au passage que Shintaro Katsu, à l’instar de son grand frère, a bien fait de compenser un physique ingrat par un charisme certain. Question sabre, les deux font preuve de dextérité appréciable ; la part belle sera réservée à Ichikawa pour une rixe finale aussi esthétisante que sympathique (comment résister à la danse mortelle des lames sous une neige nocturne, je vous le demande).
Dommage que Chitose Maki, déjà affublée d’un personnage féminin agaçant, ne dépasse guère la performance d’une feuille de nori hydratée*.
Et puis c'eut été appréciable que Maki soit mieux roulée... (rires en boite + cymbales)
Mori nous réserve tout de même de bons moments : les combats de sabre sont plus qu’honnêtes, la direction d’acteur tient la route, on a droit à de bien belles compositions et à de beaux cadres (les arrières plans, souvent riches, font plaisir à voir), certains éléments empruntent leur esthétique au théâtre et c’est tant mieux —même si trop rare, et enfin la scène finale, dans laquelle Ichikawa se lève lame malgré son bras coupé, s’avère largement à la hauteur. Sans oublier la peinture assez précise et parfois presque documentaire de quelques us et coutumes du Japon de l’ère Tokugawa (je pense aux cérémonies et à la loi punissant de mort toute personne maltraitant un animal, par exemple).
J’ai beaucoup hésité quant à la note que j’allai donner à Samurai Vendetta ; ses qualités pourtant non négligeables ne supportent guère à mes yeux une longueur dans son traitement qui peine à réellement captiver de façon constante. C’est fort dommage, mais il a fallu couper la poire en deux, sinon imaginez le comble pour un film de sabre…
*Ce jeu de mots vous est offert par @Kenshin