Notes sur le film : Une oeuvre stimulante et brillante sur un microcosme grouillant de personnages complexes, dont les trajectoires sont, de près ou de loin, sous l'influence d'un système et de décideurs politiques corrompus jusqu'à l'os. A cet égard, le film dévoile sans ambiguïté son pessimisme quant à l'issue d'un combat très inégalitaire entre des idéaux progressistes ou alternatifs, issus du peuple, et une real politik des élites dites "pragmatique", mais surtout inégalitaire, ségrégationniste, raciste, corruptrice et anti-démocratique. Aucune lueur d'espoir n'est possible dans cette amère et ironique "City of Hope", d'après l'expression du maire de New York sur sa ville. Le plan final du film de John Sayles est, de ce point de vue, très signifiant, après 2h de virtuosité narrative et visuelle. Un très grand film sur l'urbanité dans les grandes villes américaines, qui fait rien de moins qu'une synthèse entre David Simon - The Wire, Show me a Hero -, Robert Altman - pour la choralité -, Martin Scorsese - pour la bande originale électrisante - et James Gray - pour la vision désenchantée de la filiation et de la famille. Rien que ça.