Chez Disney, lorsque le personnage secondaire d’un long-métrage a droit à son propre dessin animé, c’est un peu comme une consécration, une reconnaissance. On peut comparer cela à toutes ces personnalités ravies lorsqu’elles peuvent enfin admirer leur marionnette aux Guignols De l’Info. Rien d’étonnant donc à découvrir que la Fée Clochette a droit à son propre film, qui plus est avec une sortie en salles.
Contrairement à ce qui a été dit, il ne s’agit pas là du premier film qui lui est consacré, il s’agit simplement du premier à sortir dans les cinémas. Mais la plupart des petites filles le savent probablement déjà, elles qui regardent en boucle les précédents. Car oui, ce film s’adresse aux filles, probablement pas âgées de plus de dix. C’est la première faute commise par les studios coupables de cette « chose » de film. Dans notre imaginaire, La Fée Clochette c’est l’argument sexuel de Peter Pan, elle est sexy, jalouse, aguicheuse, colérique, allumeuse et manque parfois de tout sens moral. Ce n’était que suggéré dans le Peter Pan des studios Disney, mais il était facile de lire entre les lignes pour découvrir que Clochette n’a que désir pour son Peter qui refuse de grandir. Loisel l’a très bien compris dans sa bande dessinée, sa Clochette à lui est une vraie petite bombe et assume beaucoup plus ce qu’elle est en réalité.
Malheureusement, La Clochette mise en images dans ce dessin animé n’a absolument aucun point commun avec ce qu’elle était. Certes, l’absence de Peter Pan enlève un argument, mais quel besoin y avait-il de massacrer la personnalité de la petite fée en la rendant lisse, douce, gentille, réservée et soumise ? Bref, un personnage qui perd absolument tout son intérêt pour des spectateurs autres que les petites filles qui, de plus, ne verront en elle qu’une énième version de la poupée Barbie. C’est presque un meurtre artistique auquel on assiste, un manque total de respect pour un personnage qui vit dans notre inconscient collectif depuis des décennies. L’histoire quant à elle est à l’avenant, niaiseuse bien au-delà de la limite de tolérance de tout adulte consentant.
Comme il s’agit d’une production Disney, on espère raisonnablement qu’une belle animation va rattraper un peu l’histoire et éviter le naufrage complet, même pas ! L’animation est juste dignes des autres films consacrés à Clochette et déjà parus en DVD, avec un budget DVD. Décors, paysages minimalistes, personnages rigides et animation inexistante des éléments tels que les chevelures. Car oui, c’est aujourd’hui un excellent point de repère pour juger de la qualité d’une animation de synthèse et du budget qui lui est consacrée. Les cheveux sont-ils animés ou posés comme ceux d’un Playmobil sur la tête des personnages ? Il ne reste finalement qu’une petite chose à sauver avant que le bateau de la fée ne coule, les yeux brillants des fillettes en adoration devant cette nouvelle Clochette bien rassurante et qui trouvera, à n’en pas douter, une place d’honneur dans leur panthéon des princesses Disney.