Coach par Nominoe

Dans son premier documentaire consacré au sport, Play, Manuel Herrero avait esquissé le portrait de l’humanité à travers le sport, démontrant que sur tous les continents, dans chaque société, le sport avait sa place et constituait une part de notre patrimoine commun. Dans son nouveau documentaire, il choisit de s’intéresser à l'entraîneur à travers les témoignages de 7 coachs : Philippe Lucas (Natation), Graham Henry (Rugby), Toni Nadal (Tennis), Claude Onesta (Handball), Carlo Ancelotti (Football), Colm O’Connel (Athlétisme - Course à pied) et Huang Yubin (Gymnastique). Le casting opéré par Manuel Herrero est très réussi puisqu’il a trouvé un équilibre entre les sports collectifs et individuels avec une diversité intéressante concernant les nationalités, les sports pratiqués et les profils des coachs. Toutefois, pour parfaire son casting, il confesse qu’il aurait souhaité s’entretenir avec un coach de sport US.

L'entraîneur est une figure à part dans le monde du sport. Figure tutélaire, il reste souvent dans l’ombre du succès hormis dans quelques sports collectifs et pour les “bons clients” comme Philippe Lucas. Il est pourtant un rouage essentiel dans la réussite d’un sportif dont les compétences doivent aller bien au-delà du simple technicien. On lui demande aussi d’être un manager, un protecteur, un conseiller, de trouver en permanence les mots pour rassurer, consoler, encourager, motiver, il est aussi le garant de la cohésion d’un groupe et doit susciter l’adhésion de tous à ses idées et ses principes. Tout un travail à mener en amont puisque le moment venu de la compétition, l'entraîneur retrouve son impuissance, spectateur désemparé ayant un impact limité sur le cours des évènements malgré l’expression éculée de “coaching payant”. Pourtant, l'entraîneur est le premier dont on se sépare quand les choses tournent mal et Carlo Ancelotti a cette formidable boutade pour résumer la complexité de son métier :

“Entraîneur, ce serait le plus beau métier du monde s'il n'y avait pas
les matches.”

C’est évidemment un trait d’esprit car les 7 entraîneurs qui témoignent sont de véritables compétiteurs et ont chacun un palmarès impressionnant. Néanmoins, ils ont quasiment tous connu des périodes difficiles voire de franches déconvenues et la partie du documentaire qui traite de l'échec est la plus réussie car elle montre à merveille la pression qui peut s’exercer sur ces coachs et les facultés mentales qu’il faut déployer pour s'accrocher et insuffler à son athlète les forces nécessaires pour rebondir et effacer un échec.

De toutes ces histoires, la plus singulière de ce documentaire est sans conteste celle de Colm O’Connell, un prêtre irlandais qui n’avait aucune connaissance dans le monde du sport et qui a pourtant conduit de nombreux athlètes kenyans (dont David Rushida) de la vallée du Rift vers les sommets. Preuve supplémentaire qu’un coach ne doit pas se contenter du corps de l’athlète mais doit aussi accompagner son esprit.

Coach est un bel hommage envers les entraîneurs et on peut y voir une certaine continuité avec Play puisque Manuel Herrero continue à nous raconter l’humanité par la sport car derrière chaque entraîneur se cache l’amour d’un jeu et la transmission d’une passion, d’un savoir et de valeurs.

Pour les prolongations, direction Le café sport