Regarder Code Name: Diamond Head revient à s’interroger sur la nature profonde du projet, à l’origine épisode-pilote d’une série télévisée pour la chaîne NBC n’ayant jamais vu le jour : difficile de le considérer comme un film à part entière, tant son statut le condamne à mettre en place des situations dont les enjeux ne se résolvent pas et à présenter des personnages auxquels nous n’avons pas le temps de véritablement nous attacher.
Néanmoins, et en dépit de la médiocrité de ses scènes d’action à la réalisation approximative et au montage brouillon, la production – nommons-la ainsi – est digne d’intérêt non pour sa valeur intrinsèque, elle toute relative, mais pour ce qu’elle représente dans le paysage audiovisuel de la fin des années 70 : une fascination pour les récits mêlant comédie, espionnage et intrigues policières. Car l’ensemble se construit en miroir de la série alors en vogue Hawaï Police d’État, dont la première saison est diffusée en 1968 : le générique introductif reprend le même motif de l’avion ainsi que la police d’écriture des titres, le cadre géographique est identique (Hawaï), certains plans mettent en scène une danse Hula accompagnée de la guitare hawaïenne et de chanteurs.
Jeannot Szwarc paraît attaché à un plan en particulier, composé d’une surface réfléchissante dans laquelle est renvoyée au spectateur l’image de la duplicité du personnage qui s’y reflète : la paroi d’un bocal d’acide reflète le visage de l’espion déguisé en général (Code Name), le miroir de la mère exhibe la présence d’un envoyé du Diable (The Devil’s Daughter), celui qui orne la chambre à coucher de Centaine avant son départ pour l’aventure immortalise une ingénuité sur le point de disparaître (La Montagne de diamants), l’écran de télévision incarne les fantasmes du journaliste et de ses auditeurs (La Vengeance d’une blonde). Plan au miroir qui définit d’ailleurs, telle une signature, le petit cinéma du réalisateur, un cinéma dans lequel se reflètent les préoccupations culturelles et populaires d’une époque.