Passé un générique constitué essentiellement de stock-shots et d'une musique faussement héroïque, Combat Shock plonge le spectateur sans préambule dans la psyché tourmentée de Frankie Dunlan, interprété par le frère de Buddy Giovinazzo, Ricky, également compositeur de la bande originale dont le thème principal, musique funky décharnée au synthétiseur, provoque un contraste saisissant. Du fait du budget extrêmement limité mis à la disposition du jeune cinéaste, les flashbacks Vietnamiens furent aussi tournés, avec les moyens du bord, à Staten Island, le long métrage se caractérise par une forme proche du documentaire, le réalisme cru des situations faisant écho aux problèmes d'insalubrité et de précarité qui régnaient à New-York dans l'Amérique ultra-libérale de Ronald Reagan.
Croisement improbable entre Eraserhead de David Lynch et Taxi Driver de Martin Scorsese, le premier long métrage de Buddy Giovinazzo n'a rien d'une promenade de santé (mentale). Drame psychologique doublé d'une tragédie nihiliste autour d'un ancien soldat en état de stress post-traumatique, Combat Shock révèle un monde en décrépitude. Cette errance hallucinatoire d'un homme au bord de la folie, dont le quotidien se résume à croiser des dealers, des junkies et des prostituées, n'a pas dès lors vocation, on l'aura compris, à être agréable, la présence du bébé mutant et les séquences gore, dont cette inéluctable conclusion, n'étant nullement étrangères au sentiment de malaise persistant qui se dégage de ce long métrage pessimiste. Dont acte.
A cent mille lieux des futurs films post-Vietnam revanchards produits par Hollywood, Combat Shock, non content d'être le seul et unique film de guerre tourné à Staten Island, dixit Lloyd Kaufman, confirme trente cinq ans après sa sortie son statut mérité de film culte. Perturbant.
Deux ans plus tard, Buddy Giovinazzo réalisait le court métrage, Maniac 2: Mr. Robbie, avec Joe Spinell, relecture du film d'horreur The Psychopath (1973) de Larry G. Brown.
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