Si tu as apprécié ce film, j'aurais bien voulu être dans ta peau à ce moment-là...
J'aurais tellement voulu aimer. Orelsan, ce n'est pas que j'adore, c'est que je trouve son personnage intéressant et assez typique des temps actuels que la jeunesse traverse (jusqu'à sa retraite en fait), à savoir être dans un dilemme permanent que je formule ainsi : pourquoi exister quand on est dépressif et qu'on a deux bras cassés. Orelsan, c'est quelque part la dialectique qui nique le gros big up aux sartriens (non, ami star-wars, sartrien n'est pas une race de klingon).
Ensuite, il m'est arrivé plusieurs fois de défendre Orelsan, non pour la "liberté d'expression" mais parce que, tout simplement, je considère que les individus ne sont pas responsables des inégalités du monde dans lequel ils vivent (à moins de considérer que promouvoir une certaine culture est une responsabilité en soi, c'est une grande question). Donc, effectivement, ce sont des péripaté... des péripéties qui rapprochent. Bref, je crois que Orelsan, ça parle à beaucoup de gens, y compris donc à moi, qui revenais de taf à 6 heures - et Roubaix à l'aube, y'a de quoi s'interroger sur le sens de sa vie - surtout quand "La terre est ronde" passe à la radio. Ode à l'aliénation, un thème que j'adore au point d'y consacrer mon existence.
Personnellement j'ai trouvé la première heure, pleine d'expositions et de présentations, assez plaisante et puis, triste réalité, on s'aperçoit qu'en fait, le film n'a pas du tout avancé d'un pouce. C'est même pas un témoignage ou quoi. En fait, passé un certain délai, on s'aperçoit du creux du projet, de son illusion. La chanson finale n'est pas ouf de ouf non plus. Y'a des personnages complètement grossiers et/ou inutiles qui sont juste là pour que Orelsan balance ses vannes. J'ai déchanté devant celui qui poussait la chansonnette.
Le gros avantage du film, c'est qu'il n'ait pas renié son aspect dramatique, mais... pour la causticité ou un regard sur la désillusion faudra repasser : on tient là une peau de chagrin. Fuyant.
PS : je ne comprends pas qu'on dise que c'est un film d'Orelsan étant donné qu'il avait avec lui un très très discret et talentueux auxiliaire de vie, C. Offenstein, pour le soutenir dans sa réalisation. Merci Thierry Ardisson !