En 2013 sortait The conjuring, LE film d’horreur le plus abouti, devenu culte, voyant son réalisateur, James Wan, prendre plaisir à nous effrayer de manière efficace. Succès critique, succès au box office, il aura fallut attendre 3 ans pour avoir une suite des enquêtes du couple Warren, couple spécialisé dans le paranormal. Après la déception du spin off Annabelle, le réalisateur repasse derrière la caméra avec Conjuring 2 : le cas Enfield. Tiré d’une histoire vraie issue des dossiers d’Ed et Lorraine Warren, cette affaire est l’une des enquêtes les plus traumatisantes du couple. Prends ton ours en peluche, ton mouchoir, réfugies toi dans les bras de ton copain/copine/Fiancé(e)/mari/femme/frère/père/mère/sœur, dans les pattes de ton chien, le bras de ton voisin s’il est consentent, signe ton testament et accroches toi à ton fauteuil. Une nouvelle dimension de la peur arrive et frappe le grand écran. A tous les cardiaques : ne faites pas la folie d’aller voir ce film.
James Wan : ce sadique qui jouait avec nos nerfs
On ne sait pas si on sursautera ou non, ce qui installe un climat de tension et d’interrogations : est ce que je vais sursauter ? Et justement de ce coté, le réalisateur joue habilement avec nous à coup de feintes (le coup du miroir sous une nappe, les bruits dans le couloir la nuit), sans jamais oublier qu’il sait que le spectateur connait déjà les codes de ce genre de films. Attendez-vous à être surpris comme jamais. Quand on vous dit que ce film réinvente le cinéma d’horreur, ce n’est pas rien. Tout ça commence dès les 10 premières minutes.
Conjuring 2, dans son introduction, nous met déjà dans l’ambiance avec la première affaire des Warren : le cas de l’affaire controversée d’Amityville. Cas qui avait vu un père assassiner uns à uns, pendant leur sommeil, tous les membres de sa famille. On est déjà bien remué. La réussite ne vient pas que du jeu des acteurs, des costumes et décors d’époque, elle vient aussi du coté de la gestion de la caméra qui se permettra par moment de faire des vues à la première personne. Ne manque plus que l’utilisation de l’Oculus Rift et vous faites parti de la distribution du film. Rajoutons en prime des jeux d’ombres intelligents qui vous feront frémir de terreur, et on pourra dire que cette nuit, vous laisserez la lumière de votre chambre allumée.
C’est sa maison !
Peggy est du genre femme maudite dont le monde semble lié contre elle. Divorcée, écumant les problèmes financiers, devant tant bien que mal gérer sa vie de famille avec une fille somnambule et un fils qui bégaie, la voila maintenant confrontée à un esprit fantomatique qui hante sa maison. Esprit qui n’est autre que Bill Wiggins, un vieil homme grincheux et solitaire de 70 ans décédé dans son fauteuil de salon. Ses manifestations seront à la fois physiques et auditives. Bouchez vous les oreilles, pas content le pépé ! Le vieil homme jettera son dévolu sur les enfants Hodgson dont il prendra un malin plaisir à terroriser chaque nuit. C’est horrifique, mais qu’est ce que c’est drôle !
C’est très intelligent de faire peur à des enfants en les mordant et secouant leur lit la nuit. Comme si ça ne suffisait pas, l’ancien propriétaire de la maison habitée maintenant par les Hodgson prendra possession d’une des filles de la famille, Janet, déjà assez perturbée : Honte à vous monsieur Bill Wiggins ! Il s’agira aux Warren de trouver un moyen de libérer la jeune fille de l’emprise du fantôme. Jolie référence à L’exorciste mais en moins grossier (oui, le fantôme est plus focalisé violence et menaces qu’insultes). Et si Wiggins n’était qu’un pion ? Et si la menace était bien plus grande ?
Nouvelle ambiance horrifique
Tout ce qui faisait la force de la mise en scène du premier Conjuring avec sa photographie et sa reconstitution soignée des faits seront conservés dans cette suite. La musique horrifique prendra une plus grande ampleur avec des morceaux accompagnés de chœur, donnant un coté démoniaque et terrifiant au film et l’interprétation sincère du duo Patrick Wilson et Vera Farmiga, couple aimant rendra quelques scènes touchantes. Comment ne pas penser à cette scène qui verra Ed Warren tenter de réconforter les enfants Hodgson en jouant à la guitare Can’t Help Falling In Love, tube du très grand Elvis Presley. Passage à la fois émouvant et drôle.
De quoi souffler et décompresser un peu avant l’apothéose. Les fanas des seventies savourerons la référence aux acteurs de la série Starsky et Hutch, David Soul (dont on entendra même un de ses tubes puisqu’il a des talents de chanteur) et son partenaire Paul Michael Glaser, dont les filles Hodgson ont tapissées leur mur de chambre de leurs posters.
Le film qui ne misait pas tout sur la peur à sensation
2h10, ça peut paraitre long, et pourtant, c’est le temps nécessaire pour développer la tension avec sa construction d’incidents et développer ses personnages qui tiennent ici une place importante. Pour la première fois dans l’histoire du cinéma d’horreur, la palette des personnages attendrissants va vous émouvoir. Vous n’êtes pas à l’abri de verser une petite larme ou bien d’avoir peur pour eux. On appréciera le coté famille soudée de la famille Hodgson qui malgré la situation se protègera mutuellement. Impossible de ne pas fondre devant l’adorable petit Billy, amateur de biscuits qu’il mange avant d’aller se coucher. Le petit garçon bègue a un petit coté fragile donnant envie de le protéger. Il est très rare d’avoir dans des films d’horreur des enfants qui n’ont pas de tête à mettre des claques (revoir Mister Babadook) .
Conjuring 2 ne sera donc pas qu’axé sur l’horreur. Il y aura un changement d’ambiance inédite par moment permettant de suivre le quotidien de la famille Warren. Entre leur intervention à la télé et les cauchemars incessants de Lorraine depuis l’affaire Amityville qui l’a vu se confronter à une entité maléfique ayant prit la forme d’une nonne terrifiante lui montrant la mort de son mari Ed, la vie de nos deux personnages ne sera pas de tout repos. Traumatisée par cette vision, découragée par les médias traitant son mari et elle de charlatans, elle demandera à Ed d’abandonner leur investigation. Seulement l’église américaine viendra frapper à leur porte pour leur demander d’enquêter sur l’authenticité du cas de la famille Hodgson.
Sur les lieux, Lorraine ne ressent aucune présence mais, en voyant Janet montrer des signes de possession démoniaque, la jeune femme et son mari se devront d’intervenir. Maquillages et effets spéciaux parfaits, je suis tombé sous le charme de « l’homme tordu », créature marquante ressemblant à un certain Jack Skellington, héros du film L’étrange noël de Monsieur Jack. Rien de tel qu’une créature gigantesque et maigrelette pour vous faire faire des cauchemars. Des scènes cultes, on en a pas mal dans ce film. La plus marquante : l’excellente scène du tableau où le réalisateur jouera avec nos attentes et notre certitude de sursauter. Plaisir coupable, vous allez être surpris et applaudirez le travail grandiose de James Wan.
Il était un homme tordu
Qui a marché un kilomètre tordu
Il a trouvé une pièce tordue
Sur un échalier tordu;
Il a acheté un chat tordu
Qui a attrapé une souris tordue
Et ils ont vécu ensemble
Dans une petite maison tordue.
Tiré d’une histoire vraie, il s’agira pour James Wan de veiller sur l’authenticité des faits et être aussi précis que possible du coté de la reconstitution de l’histoire, des personnages et des lieux. Vous verrez lors du générique de fin que le réalisateur c’est débrouillé comme un chef en étant minutieux. Vous pensiez que le scénario serait simpliste ? Erreur, il est intelligent puisque le réalisateur essayera de vous faire douter de cette histoire de possession démoniaque, offrant son lot de rebondissements inédits dans ce genre de films. Et si tout ceci n’était qu’un canular ?
Au final, Conjuring 2 : le cas Enfield est une réussite en tout point, pire, on peut le dire, c’est un chef d’œuvre. Terrifiant, émouvant, drôle, réaliste, pas d’effusion de sang, un petit coté religieux sincère, il nous offre une toute nouvelle exploitation de la peur. Un vrai train fantôme, une nouvelle leçon de cinéma donnée par un James Wan inventif. Chapeau bas. Vivement la suite !