La saga Películas para no dormir continue, et cette fois c’est Paco Plaza ([REC]) qui s’affaire à la réalisation de ce moyen métrage, pour l’occasion il choisit de réinventer le conte de Noël en version horrifique tout en proposant un ton délicieusement décalé se mêlant à diverses références du cinéma de genre des années 80, cet épisode est certes moins angoissant que ses deux prédécesseurs mais garde d’autres atouts dans sa besace, si on le prend comme un petit bonbon offert au milieu de la nuit on ne peut que passer un agréable moment, et ça a été le cas me concernant.
Noël 1985, cinq gosses de 12 ans découvrent dans un trou au milieu des bois une femme déguisée en père Noël, voulant d’abord la secourir ils se rendent compte que c’est une braqueuse en cavale et qu’une récompense sera offerte à celui ou celle qui la capturera, ils décident alors de la garder prisonnière en la laissant lentement mourir de faim après l'avoir fait chanter pour récupérer les deux millions d’euros dérobés. Seulement la passion de deux d’entre eux pour les films d’horreur va les pousser à recréer une sorte de rituel vaudou pour transformer la criminelle en zombie, partant d’un simple amusement tout va rapidement tourner au cauchemar … car après avoir enfin prévenu la police le corps disparait mystérieusement.
Si il y a une chose dont on est sûr en voyant ce film c’est que Paco Plaza a prit un plaisir monstre à le réaliser, et ça n’est pas un hasard si le gars est né en 1973, en faisant le compte on comprend, nul doute qu’étant gamin il fut friand de cinéma de genre, on a droit à diverses références et clins d’oeil, aux Goonies principalement, Karaté Kid ou encore aux séries Z d'horreur, il s’amuse à recréer l’univers de son enfance, les fringues kitschs, les vieilles télés cathodiques, les VHS, les gadgets, etc, c’est vraiment cool. Et on constate ce côté malicieux très vite avec une intro d’horror-movie ringardoss’ (c’est pas forcément péjoratif) avec le grain d’image et une Elsa Pataky courte vêtue sauvée d’un mort-vivant par un cliché d’action-man badass, puis s’ensuit un générique parsemé de petites infographies flashies incrustées nous présentant les jeunes héros de cette histoire, on est tout de suite plongé dans l’ambiance, ça promet du fun. On assimile immédiatement cette petite bande de pré-ados comme le penchant espagnol des fameux Goonies, ils ont tous une personnalité et un caractère différents même si la chose est bien moins marquée que dans le film de Richard Donner, on n’égale pas des classiques aussi facilement, mais ça marche déjà bien mieux que dans un Super 8 par exemple, pour ne citer que lui.
L’intérêt du projet est de plonger le récit dans le surnaturel sans forcément se prendre au sérieux, les références citées précédemment aident à faire coulisser les intentions narratives et les enjeux, après tout c’est aussi un conte de Noël donc il ne faut certainement pas prendre ce film au premier degré (d’ailleurs je ne pense pas que ça soit possible, à part si on est un pisse-froid fini), de plus il n’y a ni exagérations grossières ni effets de style agaçants, ça joue des changements de tons et ça fonctionne avec une certaine fluidité. Après si j’ai vraiment une chose à reprocher à Plaza c’est que je trouve qu’il ne va pas assez loin dans l’étalement de ses modèles, peut être n’a t-il intrinsèquement pas assez de talent ou qu’il ai eu du mal à assumer de copier certains calques, rien que quelques choix esthétiques auraient eu le mérite d’être davantage poussés, quitte à balancer des couleurs flashies en intro pourquoi ne pas créer ensuite des filtres similaires pour apporter une cohérence plastique (surtout lors de la séquence de la fête foraine) ? Constat similaire pour ce qui est de la technique même si quelques petites idées ici et là sont fort sympathiques, notamment les travellings compensés. Il faut par contre féliciter la qualité du montage, qui est impeccable, j’ai par exemple beaucoup aimé les extraits de cette parodie de série Z qui agissent comme un fil rouge pour créer une connexion à l’intrigue principale (la zombification et la vengeance).
Très bon épisode donc, pour le moment le plus inspiré à défaut d’être le plus angoissant (quoi que la deuxième partie évoque tout de même les codes du slasher), Paco Plaza s’amuse avec le cinéma de son enfance et c’est communicatif, l’intention est excellente et colle parfaitement avec le format fragmentaire et créatif d’une mini série, il fait preuve d’originalité et se démarque clairement. Résultat : un conte de Noël macabre et divertissant qui je pense plaira à tous les amateurs du cinoche typiquement 80s, perso j’ai été transporté.