Avec Conte Nuptial, Claire Bonnefoy, dont c’est le premier long métrage, aborde le délicat et tristement d’actualité sujet du viol conjugal, non sans un certain courage et sens de la subtilité.
En s’inspirant d’une nouvelle écrite par Roald Dahl pour Playboy (!), elle relate l’histoire de deux collègues de travail devenus amis (Raphaël Quenard et Hugo Dillon) qui décident d’appliquer ce que cette nouvelle supposée comique à l’époque relate, à savoir le fait d’échanger leurs compagnes (Inas Chanti et Flore Babled) le temps d’une nuit et à leur insu. Préparé avec minutie durant plusieurs semaines, l'entourloupe perverse des deux complices est découverte in extremis par les deux victimes, lesquelles décident pour se venger d’échanger également leurs couches…
Sur ce sujet grave et délicat, que peu de cinéastes osent aborder dans sa complexité, le film parvient à rester sur une ligne de crête, combinant avec talent tragédie et comédie. La grande liberté d’improvisation laissée aux comédiens a certainement nourri cette audace narrative et permis d’apporter aux personnages cette part de machiavélisme et d'ambiguïté qui rend le film propice aux interprétations et débats, tout en évitant le piège de la complaisance.