Un tanker nommé désir
Couche-moi dans le sable et fais jaillir ton pétrole, Norbert Terry, comédie érotique, 1975.) Quand l'amour, la satyre sociale, et les grands enjeux du monde contemporains s'entremêlent, il...
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le 29 mars 2020
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"Couche-moi dans le sable et fais jaillir ton pétrole", voilà un titre plutôt "connu", mais si insolite que beaucoup doivent ignorer que ce film existe vraiment. Encore moins nombreux sont ceux qui l'ont vu, le film étant même introuvable en téléchargement. Quand j'ai vu quelqu'un vendant la VHS sur internet, j'ai saisi l'occasion. Je ne savais si le film serait à la hauteur, mais posséder "Couche-moi dans le sable et fais jaillir ton pétrole", ça a une certaine classe.
Si beaucoup pensent qu'il s'agit d'un porno, le film est catégorisé, sur la jaquette VHS, comme étant une comédie.
Au verso, on peut lire ceci : "Réalisateur de Jeunes filles bien pour tous rapports et Les filles de Madame Claude, Norbert Terry dresse ici un portrait satirique des relations parfois difficiles entre pays occidentaux et les émirats pétroliers".
Difficile de prendre un tel pitch au sérieux.
Le film, pour bien des raisons, ne tarde pas à décontenancer. On passe sans arrêt, abruptement, d’une scène à une autre complètement différente, et on débarque dans ces scènes sans comprendre exactement ce qu’il se passe. Le découpage, le choix des axes de caméra et la gestion de l’espace sont si hasardeux qu’on a souvent l’impression que les personnages se téléportent. Durant des dialogues censés être en plan fixe, il peut arriver qu’il y ait un jump cut.
Dans tous les cas, le spectateur se demande ce qui vient de se passer. Mais le film s’en soucie peu, et continue son cours, que l’on soit largué ou non.
Lorsque le personnage principal rentre chez lui, j’ai cru la première fois qu’il arrivait au bureau, et que sa femme était sa secrétaire, en raison du caractère dépouillé du décor, et les rapports entre les personnages qui ne fonctionnent pas.
Bon, par la suite, il n’y a plus de doute à avoir, on voit la porte de l’appartement du personnage : il y est peint un cul, avec le trou au niveau du judas. Il y a d’ailleurs plusieurs "gags" là-dessus au cours du film, les personnages faisant des remarques, comme pour dire au spectateur, "Eh, vous avez vu ? C’est drôle, ce cul sur la porte, quand même, non ?"
Je n’étais même pas sûr au début de savoir quand est-ce qu’il y avait un gag ou non, tout ce que je ressentais lors de certaines répliques, c’était de la gêne, de l’embarras, ou simplement de l’incompréhension.
Quand je me suis mis à rire, c’était en me moquant du film, y compris pour ses tentatives d’humour ratées (j’entends par là que ce qui m’a fait rire, c’est de voir comme les gags n’étaient pas drôles). Par exemple, quand la femme du héros arrive dans un sex-shop, avec un vendeur travesti, et qu’elle lui sort d’un coup "J’aimerais me déguiser en pute", et qu’on lui répond "C’est pour une soirée costumée ou pour le trottoir ?".
L’histoire est assez difficile à comprendre, puisqu’il y a de nombreux rebondissements et sous-intrigues sans aucun sens, et qui finissent abandonnés.
"Couche moi dans le sable…" nous présente un couple fauché, puis un soir la femme organise une partouze dans l’appartement, puis le lendemain un huissier arrive, il est mis KO par un des partouzeurs et des éboueurs le jettent dans un camion-poubelle (me demandez par pourquoi). Ensuite la femme part dans le bois de Boulogne, habillée en pute, peut-être pour rendre jaloux son mari, je ne sais pas. Elle se fait enlever par des loubards, dont un qui lui tâte les seins en gros plan pendant des plombes, et puis le groupe s’entretue.
La femme se fait sauver, mais on ne la reverra plus dans le reste du film, qui laisse tomber tout ce qu’on a pu voir jusque là pour en arriver à son intrigue "satirique" (c’est un bien grand mot…)
Après que le personnage principal ait rencontré une fille deux fois, ils deviennent (apparemment) fous amoureux. Du moins, suffisamment pour que, lorsque l’homme se fait arrêter pour ne pas avoir payé ses impôts depuis 5 ans, la jeune femme appelle son père, le "Grand Suliman", roi de Saba, pour qu’il cesse l’exportation de pétrole vers la France.
Le grand Suliman est un acteur blanc qui raconte n’importe quoi dans un faux arabe, tout en tâtant les seins d’une fille nue à ses côtés, mais apparemment, oui, il a le pouvoir de tourner un robinet (je suppose) et d’arrêter comme ça toute l’arrivée du pétrole en France.
La fille se réjouit de ce qu’elle a accompli, mais… elle ne fait même pas part de ses revendications. Il faut qu’un homme du gouvernement parte à sa recherche, et lui fasse vider son sac, pour qu’elle réclame la libération de son copain.
Parmi les moments un peu marquants, il y a cette séquence où la police arrive chez les personnages en passant par la fenêtre (???), la fille est complètement nue mais elle tient tête à la police, argumentant avec eux pour défendre son mec, et tout le monde fait comme si de rien n’était.
Il y a un running gag vraiment étrange, où des personnages passent devant la fenêtre d’un voisin des personnages principaux, qui est grimé en vampire et ricane depuis son lit…
Et à part ça, un plan en particulier m’a marqué : un gros plan sur le visage de deux personnages, censés se parler, mais qui sont tous deux de 3/4 face, de sorte qu’ils ne se regardent pas. J’ai l’impression que c’est parce qu’ils voulaient placer les deux personnages dans le cadre, en très gros plan, d’où la proximité gênante entre leurs visages, qu’ils ne pouvaient du coup tourner complètement à moins de se toucher.
Bon, au bout d’un moment, je me suis endormi, donc je ne pourrais rentrer plus que ça dans les détails, mais soyez rassurés : tout se finit bien, ouf !
En fait, malgré son titre insolite qui le fait sortir du lot, "Couche-moi dans le sable et fais jaillir ton pétrole" est une comédie érotique française à la con, mal foutue, et oubliable, comme tant d’autres de la même époque…
(Ah et il n'y a pas de sable, et personne ne fait jaillir son pétrole)
Créée
le 22 févr. 2015
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