Ce qui constitue l’ADN des plus mauvais films n’est pas, comme on pourrait le penser, l’incapacité à incarner une ambition artistique, pas même l’échec d’un projet plus modeste. Non, l’ADN des pires films est composé par le plagiat, par la simple et gratuite appropriation illégitime d’une œuvre que l’on fait sienne en veillant à la recouvrir d’un vernis susceptible de duper les moins vigilants des spectateurs. Tel est le cas avec Countdown, immonde copie de Jusqu’en Enfer de Sam Rami revisité à la sauce teen movie du pauvre et qui n’a à proposer que l’appauvrissement généralisé de l’œuvre originale, parsemé de facilités quant à l’horreur montrée – les fameux jump scare, signature des productions horrifiques de qualité… – et d’enjeux dramatiques stéréotypés comme on n’aimerait plus en voir, à grands coups de mère disparue, de famille malade, de blessures intérieures qui donnent du courage à celles et ceux qui se battent contre la vie chronométrée sur téléphone.
Car ce que le film apporte est d’une bêtise incroyable : loin de questionner l’usage que font les nouvelles générations du téléphone portable et de la place qu’elles lui accordent dans leur existence, il conforte l’application démoniaque dans ce qu’elle a d’avilissant et enferme aussitôt son récit dans une boucle narrative stérile condamnée à répéter ad vitam aeternam les mêmes mouvements mécaniques. Justin Dec se plaît à voir ses personnages tomber, il regarde tout ce beau monde s’agiter sans se rendre compte qu’il partage avec lui sa cécité critique, puisqu’il emprunte les mêmes couloirs scénaristiques déjà parcourus mille fois, puisqu’aveuglé par le chronomètre, il en oublie les enjeux, il en oublie la mise en scène, il en oublie le cinéma. S’il ancre son récit dans le milieu hospitalier, c’est pour rien n’en dire, ou alors pour débiter un discours populiste concernant le harcèlement sexuel au travail, ici d’une totale incongruité et qui paraît davantage prétexte à colorer sa surface d’un vernis à la mode qu’à engager une quelconque réflexion.
Film bête comme ses pieds, Countdown atteste la fascination contemporaine pour les écrans et la propension d’hommes et de femmes à s’improviser réalisateurs et réalisatrices en dépit de leur talent, à cause de cette seule et même fascination pour les écrans. Faisons donc avec ce produit ce que l’héroïne aurait dû faire de son portable : le balancer au fond d’une poubelle et ne plus y penser.