Un résultat sans génie
C'est quoi cette chose ? Pourquoi est-ce que c'est à moi que tu demandes ? Parce que tu l'as descendu, avec ce truc là. Où est-ce que tu as eu ça ? J'en sais rien. Quoi, comment ça t'en...
le 30 juin 2022
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Je me souviens de la sortie de ce film. Je me souviens de cette affiche made in Photoshop belle comme une brouette tunée et de ce titre totalement What-the-fuckesque qui nous rappelait les meilleures séries Z et autres DTV de qualité.
Ce film me fascinait et me faisait peur à la fois. Je voulais qu'il assume le délire jusqu'au bout. Je VOULAIS voir des texans vider de la poudre sur des soucoupes volantes tirant des gros lasers. Je VOULAIS que ce soit con, mais dans le bon sens du terme.
Mais en même temps, comment ne pas sentir venir le navet infect et cynique à des kilomètres? Parce qu'après nous avoir pondu "Iron Man 2", Jon Favreau méritait quand même une belle étiquette "terroriste du 7ème art" sur la gueule.
Et finalement...je l'ai vu.
En fait, pour l'histoire inintéressante, on re-regardait "La classe américaine" avec mon frère, peinards. Arrivés à la fameuse séquence des cowboys s'attaquant aux "animaux préhistoriques partouzeurs de droite" (une minorité encore peu reconnue), je me suis rappelé que nos amis du far-west avait eu droit à cet autre crossover improbable, il y avait de cela quelques années.
C'était le moment où jamais. On a lancé le film.
La première partie est fandarde, et franchement jouissive. Un Daniel Craig amnésique pète la gueule de tout ce qu'il rencontre. BIM les bandits ! BAM Paul Dano ! POUM le Shérif ! BANG le vaisseau alien ! Le tout avec une seule expression faciale et quelques grognements plus ou moins distincts en guise de répliques. La classe, on vous dit.
On est agréablement surpris de voir que la partie "western" du récit se prend plutôt au sérieux, avec de vrais gueules de pochtrons faciles de la gâchette, une photographie de mauvais goût (ces couleurs saturées, mon dieu...) mais qui retranscrit bien la crasse du milieu, un Harrison Ford ma foi plutôt convaincant (ce qui est assez rare dans ses rôles post-années 2000), et certains personnages secondaires assez sympas (Paul Dano en tête, en fils à papa hors-la-loi).
Et puis, malgré des effets visuels parfois assez limites (les explosions "after-effect"), la première scène d'attaque des extra-terrestres est assez bien foutue. On ne sait pas vraiment si on doit rire ou avoir peur, mais ça fait son p'tit effet. On a ce qu'on était venus voir.
Malheureusement, la suite du récit (les habitants de la petite ville attaquée partent à la poursuite des aliens) est un prétexte pour nous ressortir absolument tous les clichés du film Hollywoodien de base (le sidekick un peu pathétique, la romance naissante, les grandes envolées philosophiques complètement connes, le p'tit garçon orphelin...). Et puis, bordel... Harrison Ford tourne un clip pour la NRA dans ce film? Il passe son temps à fourguer des armes à tout le monde, même un couteau au gamin !
Bref. On s'ennuie un peu, malgré une scène très "alien-like" d'attaque nocturne plutôt réussie. Le tout devient plan-plan, convenu, et réchauffé. Du coup, on passe de "gentiment débile" à "mauvais". Bon, allez, certaines blagues font mouche, et Daniel Craig a son canon extra-terrestre sur le bras, ce qui lui permet de dézinguer avec panache un vaisseau mal incrusté sur son fond-vert et de sauver sa demoiselle en détresse (Olivia Cooke).
Ah, et à propos de demoiselle, les flash-backs sur sa vie passée son d'une laideur à vous coller une migraine.
Et puis la motivation des envahisseurs, c'est quoi ? Ben, c'est l'or. Tout connement. Pourquoi pas. Mais alors, pourquoi avoir enlevé Daniel Craig qui cachait juste un sac de pièces dans sa cabane au fond des bois au lieu d'attaquer des banques, par exemple...? Oh putain... J'ai une idée de suite ! "Braqueurs VS Envahisseurs" ! Avec des bandits mis au chômage par les attaques de banque à la soucoupe et au laser désintégrateur ! Mais je m'égare.
Finalement, les bons sentiments débiles l'emporte sur la débilité bourrine recherchée. Cowboys et indiens se réconcilient dans une baston finale interminable contre les envahisseurs tout moches, Harrison Ford arrête d'être raciste (un peu comme Christian Bale dans "Hostiles", tiens), Daniel Craig tombe amoureux d'Olvia Cooke qui venait en fait de l'espace et qui, du coup, savait depuis le début comment vaincre les méchants, et les gentils prisonniers sont libérés. Pis tous les survivants se retrouvent au Saloon pour fêter la victoire sur les gugusses de l'espace. Fin.
Ce qui est sur, c'est que "Cowboys et envahisseurs" est un projet dénué de tout cynisme. Jon Favreau tentait sans doute de combiner la dureté des westerns d'antan au frisson de la science-fiction. Bon, c'est en grande partie raté, hein. La faute à un déroulement très convenu qui manque cruellement de folie à la vue du pitch.
Reste que le film a un certain charme. Totalement débile de A à Z, porté par des acteurs étrangement investis, assez moche visuellement, parfois très fun, parfois très chiant, ce projet a le mérite d'exister en tant que petit OVNI (c'est le cas de le dire) du (mauvais) cinéma de divertissement.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films avec Harrison Ford, Les meilleurs films avec Paul Dano, Les meilleurs films avec Daniel Craig et Les meilleurs films avec Sam Rockwell
Créée
le 9 avr. 2018
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