Au bout de deux minutes à peine j'ai bien failli arrêter le film. A la vison de cette centrale nucléaire toute moisie en images de synthèse dégueulasse qui explose dans des effets spéciaux numérique volontairement immondes le syndrome Sharknado pointait le bout de son aileron à mon plus grand désarroi. Je ne suis pas de ses cinéphages qui mange de la merde à pleine louche sous couvert que le cuistot lui fait un clin d’œil complice. Fort heureusement ensuite on voit des boobs et du gore, une créature pas trop mal foutue et un gag assez con pour me redonner le sourire laissant entrevoir une série Z peut être pas entièrement gangrené par le syndrome du je te balance n'importe quoi n'importe comment et ça ira bien pour le con qui regarde. Au final le film oscille entre le pire et le supportable mais reste enlisé dans la médiocrité complète.
L'histoire est donc celle classique d'une invasion animale à la suite d'un accident nucléaire. Il est ici question d'une horde de trilobites agressifs (pas de jeu de mots, pas de jeu de mots!!) qui s'attaquent à une petit ville côtière alors que se prépare le bal de fin d'année.
Le film réalisé par Pierce Berolzheimer est assez symptomatique d'un mal profond qui ronge la série Z depuis quelques années. Sincère ou opportuniste le réalisateur nous propose un film ouvertement Z, qui ne se prend bien sûr aucunement au sérieux, qui déroule des personnages caricaturaux à l'extrême qui se débattent dans un script anémique, qui sort son petit dictionnaire de citations cinématographiques cool pour caresser le geek dans le sens du poil et qui propose des effets spéciaux immondes juste pour bien montrer que c'est du nanar qui s'assume et créer ainsi une distance bien pratique avec le spectateur peu regardant qui d'emblée pourra se conforter dans son absence de pertinence critique à grand coup de : "Ben oui c'est nul mais on voit bien c'est fait exprès" (On voit surtout que tu te fous de ma gueule). Quand tu fais nul par candeur, par manque de moyen ou de talent c'est toujours infiniment mieux que quand tu fais nul par opportunisme et juste parce que tu n'en a strictement rien à foutre et que tu sais que tu trouveras toujours des spectateurs pour se pignoler la nouille sur la nullité de ce que tu donnes à voir. Crabs! aurait pu être une authentique bonne série Z et un hommage sincère à tout un pan de la culture bis mais le film charge trop complaisamment ses défauts en espérant qu'ils deviendront des qualités aux yeux de quelques spectateurs incapable de voir la différence entre un Z généreux et une sinistre merde racoleuse. Alors oui le film de Pierce Berolzheimer cite en vrac Gremlins, Roger Corman , Godzilla, Aliens, les films de ninjas pourris, l'esprit des eighties, Carrie mais désolé jamais je n'y trouve pas la moindre sincérité. Toujours sur le second degré, toujours sur le registre du trop à l'image de ce personnage débile et insupportable à l'accent d'Europe de l'est, toujours à appuyer ses clins d’œil complices, le film est bien plus pour moi sur le registre du racolage aux faux amoureux du bis que de la séduction aux vrais amateurs de séries Z.
Pourtant dans ce marasme surnage quelques maigres éléments de satisfaction car certain gags peuvent encore prêter à sourire comme le cours de dissection à base de chats ou la confection façon MacGyver d'un robot géant avec la blonde qui tente de scier un bout de métal en frottant frénétiquement un taille haies sur la pièce métallique. D'ailleurs je trouve que la jeune comédienne Allie Jennings possède un vrai charisme de comédie et un joli minois qui convient à merveille à son rôle de bonne copine blonde adolescente pleine d'énergie. Le film comporte aussi quelques bonnes idées (forcément sabordés par son j'en foutisme) comme le fait que les crabes puissent contrôler les humains en se collant sur leurs têtes comme un casque ou que le film se termine en Kaiju Eiga avec des types engoncés dans des costumes de crabe et de robot géant. On pouvait également espérer beaucoup mieux niveau gore mais le tout numérique volontairement foireux rend l'impact de toute violence parfaitement inoffensive. C'est je dois dire a peu près tout pour les qualités du film …
Crabs! c’est donc de la fausse série Z qui s'inscrit dans toute cette sinistre vague de film qui porte leur connerie en étendard et leur médiocrité crasse comme pitoyable caution. Rendez moi les monstres en caoutchouc et les vaisseaux en carton ils ont définitivement plus de charme que toutes ces merdes numériques qu'on voudrait m'enfoncer dans la gorge comme si elles avaient la saveur de la poésie de l'accident.