Ça fait un moment qu'on les voit essayer de nous vendre des films budget, et ça fait un moment qu'on les juge, qu'on trouve ça ringard. On peut trouver des arguments contre la redondance du récit, la surabondance de FX un peu vides et gratuits, ou contre les codes de narrations un peu vieillots du registre trop épique. Du moins pour nous autres bourgeois occidentaux attachés à la paresse du néo-réalisme, il y'a de quoi avoir de mauvais a priori sur les grosses productions hors Hongkong, probablement parce qu'on a peur comme toujours d'en perdre le monopole.
Mais pour le coup, si on est capable aujourd'hui de bouffer du Seigneur des anneaux et du Marvel à la pelle et à s'en vanter, c'est qu'on prêts à goûter à cette adaptation de "L'Investiture des Dieux", pilier de la littérature chinoise que le pays après sa mise à jour culturelle essaye tant bien que mal à réinvestir.
Le réalisateur mongol Wu Er Shan a clairement son mot à dire. Dans ce second opus, il use autant son pinceau bien chinois bien commercial à foutre des FX à tout va pour illustrer des divinités grandioses, que son pinceau sino-nordique au folklore assumé qui semble parfaitement répondre à l'histoire originale même de son film, qui retrace le conflict culturel sino-mongol que la région a hérité après les invasions du Nord.
Wu Er Shan y apporte sa touche d'authenticité surprenante et parvient à rythmer une mise en scène d'emblée vouée à un ennui que le mysticisme à outrance peut procurer, en justifiant l'univers mythologique par un pittoresque qui accompagne naturellement les décors et les personnages. Le cliché mythologique auquel on a pris l'habitude d'accorder un certain vide est alors subtilement revisité.
La mise en scène reste cependant parsemée de quelques négligences de montage et par le fait que certains éléments se trouvent ignorés ou ramenés à l'opus précédent de la Saga, ce qui rend le visionnage un poil difficile si on a pas le 1 ni le 3 sous les yeux. Le fusil de Tchekhov est un peu rouillé et c'est chiant pour garder l'aspect cohérent de son scénario.
Visuellement c'est top, vraiment. On croit à l'univers, les géants un peu débiles du début sont attachants, et le mec qui vole la Lune et les étoiles pour couvrir d'obscurité le village qu'il attaque avec des ovni c'est à rendre jaloux Dr.Strange, tant par l'originalité que par la cohérence visuelle. Par contre va savoir pourquoi le personnage du premier opus qui est ressucité intervient maintenant dans un sprite Street Fighter qui fait absolument tâche par rapport au reste (je tiens à croire que ce doit être un hommage ou quelque chose comme ça),
Musicalement on a vu mieux, des tentatives comme dans Shadow (2018) de Zhang Yimou auraient du inspirer cette adaptation dont l'ambition semble pas loin, mais big up à Ji Fa qui chante son hymne populaire folk avec ses gars dans la rivière,
Et en terme de jeu d'acteur, on reste un peu sur un classic télévisionable, mais on oublie vite tant les personnages sont bien écrits.