L'appel de la forêt
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le 10 sept. 2019
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Voici le premier long métrage du cinéaste flamand Jonas Govaerts, qui prend pour cadre un camp de scouts flamands perdus dans les bois de Wallonie.
Petit par la taille, mais grand par l'imagination, voilà ce qui pourrait résumer l'état d'esprit de ce film, une forêt obscure, un camp de jeune scouts flamands et leurs instructeurs, un élément perturbateur en forme de légende urbaine, voilà de quoi nous parle ce film.
C'est un film incontestablement beau, dans son esthétique principalement, tourné à l'aide du directeur photo Nicolas Karakatsanis, qui a déjà fait ses preuves en tournant pour un autre jeune cinéaste Belge, Michael R. Roskam (The Drop, Bullhead), construit comme une sorte de variation nordique des thèmes de Guillermo Del Toro, et par extension de l’œuvre de Sam Raimi (Govaerts a déclaré avoir commencé à faire du ciné par amour pour Evil Dead 2, c'est dire), au moins en termes de style sinon de substance, car il faut le dire, la structure narrative est ici épurée au maximum, comme pour Aux Yeux des Vivants, autre slasher, français cette fois-ci, sorti quasiment au même moment, le réalisateur a vraiment tout misé sur l'ambiance, la mise en scène et le côté "exercice de style", et force est de constater que cela lui réussit bien!
Parlons un peu de ce que raconte ce film:
C'est l'histoire d'un groupe de scouts flamands et de leurs instructeurs qui partent faire un camp en Wallonie, l'histoire est centrée sur Sam (Maurice Luijten) un garçon de 12 ans qui semble se détacher du reste du groupe, les adultes du groupe sont Baloo (Stef Aerts, qui livre une prestation à couper le souffle), le personnage badass et colérique, Akela (Titus De Voogdt), le gendre idéal, bienveillant et raisonnable et l'intendante Jasmijn (Evelien Bosmans), qui joue ici une sorte d'élément perturbateur secondaire.
Vous l'aurez compris, les rôles sont des archétypes peu développés dans le sens où on ne connaît pratiquement rien d'eux et de leur passé, mais cela ne nuit pas à l'intérêt du film, car on est balancé dans l'intrigue immédiatement et sans aucun préliminaire.
Dans les faits, c'est un film qui suit plutôt bien les codes de son genre, pour y appliquer ses propres astuces, détails et effets, on a droit à un début de film plutôt calme et enchanteur, avec la découverte de la nature sauvage et étrangère (comme le disent les instructeurs: "On a fini par trouver un joli coin de Wallonie"), à ce propos, on nous gratifie d'un joli discours sur les différences culturelles entre flamands et wallons, bien que le message soit cependant difficile à saisir pour les personnes étrangères à la Belgique, insérer un brin de politique dans un film de ce genre ne fait pas de mal.
Pour en revenir au film, là ou il fait mouche, c'est dans son opposition de styles très prononcée, on bascule assez violemment entre un côté très enchanteur, découverte, presque féerique la journée, avec un côté immédiatement plus sombre, gore, poisseux et sans concession une fois la nuit tombée, certains pourront reprocher un manque d'imagination dans la mise en scène des meurtres ou le manque total de développement du méchant du film, mais encore une fois, tout est ici réduit au strict minimum dans le but de servir une ambiance et un thème, la mise en scène, si elle n'est pas très imaginative, est d'une précision chirurgicale, et rien n'est laissé au hasard.
On pourrait aussi être tentés de croire que le réalisateur a essayé de mettre en scène une sorte de pamphlet anti-consumériste, le lieu de l'intrigue étant situé sur le site d'une ancienne fabrique de voitures désaffectée où de graves événements se sont produits, le méchant pouvant être vu comme une sorte de "fantôme vengeur" du peuple, mais il est évident que la sur-interprétation est totalement inutile dans ce cas précis, le film étant efficace et agréable dans son premier degré et son développement formel.
Au niveau des performances d'acteur, elles sont toutes très bonnes, ce sont tous de parfaits inconnus et on peut affirmer sans trop se mouiller que Govaerts est un très bon directeur d'acteur, un petit bémol tout de même: Bien que Luijten dispose d'une impressionnante présence à l'écran et parvienne à nous en dire beaucoup avec très peu de dialogues, le scénario, co-écrit par le réalisateur et Roel Mondelaers n'exploite peut-être pas suffisamment l'innocence et la crédulité du jeune protagoniste, ainsi que de tous ses camarades, qui sont légèrement sous-traités et malheureusement un peu bâclés, le film pêche un peu dans le sens où il utilise l'ennemi comme une source de tension dramatique plutôt que comme un moyen de se forger un caractère. En effet, contrairement aux films de Del Toro avec des protagonistes enfants, comme L'Échine du Diable et Le Labyrinthe de Pan, l'imagination de notre héros ne peut pas le sauver, ni lui offrir une sorte de moyen d'évasion, les motivations sont plutôt brutes, animales et sans aucune conscience, on est purement dans de l'instinctif, du bestial, c'est la bête qui prend le pas sur l'homme, et non pas l'inverse. Ce qui peut créer une sorte de confusion d'ailleurs, car le film ne possède pas vraiment de personnage central, même si il semble centré sur celui de Sam, on se sait jamais vraiment ce qui peut arriver à nos protagonistes, ni comment, une fois que le film est lancé, il devient totalement imprévisible, et c'est plutôt jouissif, car cela empêche toute fainéantise dans l'écriture et permet d'éviter les clichés habituels du genre.
Inutile d'en dire plus, ce film est une petite perle à recommander vivement à tous les amateurs du genre, un film d'horreur à l’Européenne, sans concession, qui mise tout sur son ambiance, ce n'est pas quelque chose qu'on voit tous les jours, et pour une première réalisation, c'est vraiment très bien, Chapeau! Mr. Govaerts.
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Créée
le 28 oct. 2016
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