Cuck
4.1
Cuck

Film de Rob Lambe (2019)

Sadisme bête et gratuit dans un décors gris acide

Expérience dégueulasse et jusqu'au-boutiste, Cuck est un de ces monstres recommandables en tant que tests ou curiosités malsaines, dont on sait bien qu'il est une œuvre lamentable sans trop savoir mesurer l'ampleur et la nature du sinistre. Il s'agit d'un programme de déshumanisation implacable centré sur un laideron gras, complexé et décérébré, tentant une sortie par un haut douteux grâce à une petite notoriété naissante chez les nationalistes 'blancs' ou simplement états-uniens.


Le film ne laisse aucune place à la compassion, rend débile toute aspiration à la tolérance car il s'agit d'une bou(bou)le de haine (auto-)destructrice (en vérité il est si inconsistant et misérable que son racisme apparaît simplement comme de l'opportunisme ; un exutoire suggéré et pour lequel on valorise cet homme situé aux tréfonds de toutes les échelles). La moindre estime pour cet individu est impossible tant les auteurs s'échinent à lui enlever tout commencement de non-tare ou qualité résiduelle – peut-être en grattant resterait-il un soupçon de bonhomie, de serviabilité, d'insouciance et d'acceptation de soi comme on est (penaud et répugnant) ; rien que du minable et du moyen à double-tranchant, lui-même corrompu par les exactions de ce grand garçon – définitive raclure de fonds de chiotte, d'ailleurs son camp aussi est enclin à tirer la chasse ! Même l'irresponsable de Je ne suis pas un salaud vaut mille fois mieux ; il n'y a peut-être que les parents dans Eden Lake pour inspirer un mépris comparable. Et naturellement il lui manque la force et les capacités pourtant modestes des enragés de Rampage ou de John Doe Vigilante.


Bien que la technique soit quelconque, les décors logiquement peu engageants et le scénario désespérément prévisible, le résultat a une sorte de qualité, un style gris acide. Le dégoût se banalise et la séance prend des airs de nanar nauséeux, où les manipulations criantes du couple paraissent presque légitimes – et l'abandon de madame est le seul instant où on éprouve une sorte de tendresse, comme si son sacrifice de quelques instants était chose plus grave que le martyr du gros repoussant. L'écriture est débile mais rigoureuse et la surenchère fait le travail qu'un effort d'investigation ou d'empathie devraient exécuter – avec le risque de se planter mais au moins de décoller d'une approche si sommaire. Réduit à la bulle de ce type sans conscience ni horizon, le film implique très peu de personnages, toujours peu en incluant les figurants – nous sommes en périphérie mais c'est quand même celle de Los Angeles.


Si a-priori les intentions d'un tel produit sont évidentes et agressives, finalement elles ne sont plus qu'agressives ; faut-il tendre un miroir odieux aux alt-right et à leurs équivalents ? Les miner en les invitant à se moquer de leurs pires travers et pires exemplaires ? Transformer les spectateurs en clones de Nagui en adoptant un regard infamant et fièrement stupide sur toute adversité ? Réaliser le rêve d'humilier les corps et les âmes ingrates, habitant le cœur de chaque citoyen d'IMC normal ou rachitique et d'allure potable ou remarquable ? S'agit-il de se dédouaner en attaquant un anti-héros total que personne ne voudra repêcher alors qu'il réunit les valeurs morales et convictions politiques tant de gens détestent ou doivent détester ? Manifestement Cuck relève de la dernière catégorie tout en se vendant de la première – et alors qu'à sa vue on se partage entre joie cruelle, perplexité et embarras, il fera son office pour ceux qui, sincères ou non, aiment sanctionner les ennemis de la société 'bigarrée'.


Ecriture 4+. Formel 4-. Intensité 4.
Pertinence 2+. Style 2. Sympathie 2-.


https://zogarok.wordpress.com/2021/08/14/cuck/

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le 14 août 2021

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