Rideau Rouge Sans

Avec le visuel de ses affiches j'ai très longtemps cru que Curtains L'ultime Cauchemar était un film avec une poupée tueuse. Ce n'est qu'en regardant d'un peu plus près le film que j'ai finalement constaté que ce premier essais du canadien Richard Ciupka était en fait un slasher assez typique des années 80. Et même si la poupée est utilisée dans l'histoire imaginée par Robert Guza Jr (Le Bal de L'Horreur), elle occupe un rôle bien plus secondaire que sur l'affiche du film.

Curtains L'ultime Cauchemar nous raconte l'histoire d'un metteur en scène qui s'apprête à adapter un récit qui visiblement fait saliver d'envie de nombreuses actrices. Il invite donc plusieurs comédienne pour un week-end dans sa maison afin de faire un choix au cours d'un séjour qui tient autant du happening que du casting. Sa compagne a qui il avait dans un premier temps promis le rôle et qui s'était enfermée volontairement dans un hôpital psychiatrique pour s'imprégner du personnage fait aussi partie de la fête. Si le metteur en scène semble avoir du mal à choisir, un mystérieux tueur avec un masque de vieille femme rousse élimine les prétendantes une à une...

Des comédiennes prêtes à tout pour un rôle, une actrice qui sort d'une immersion dans un asile de fous et un metteur en scène tyrannique aux méthodes discutables, les prétendant(e)s sous le masque du tueur sont relativement nombreux et c'est une bonne chose car son identité ne se dévoilera que lors du tout dernier acte du film. Curtains L'ultime Cauchemar est un film un peu étrange qui semble parfois abandonner ses idées en cours de route comme cette fameuse poupée qui lors des premiers meurtres joue un rôle afin d'attirer la curiosité des victimes puis disparaît ensuite totalement de l'intrigue. L'ambiance du film est assez agréable même si le rythme n'est pas très dynamique et autour de cette histoire de casting se greffe cette idée de compétitions et de coups bas assez maligne pour faire de toutes des potentielles suspectes. Quant au réalisateur (celui dans le film) il semble jouer un trouble jeu fait de provocations et de mises en situations dont on ne sait jamais vraiment si elles font parties du processus du casting. Plus ou moins volontairement les actrices n'hésitent pas à coucher avec le réalisateur ajoutant une bonne dose de jalousie latente dans cette rivalité entre les filles.

Là ou Curtains L'ultime Cauchemar est bien plus décevant c'est dans la représentation très soft de sa violence graphique et dans le faible nombre de victimes. Pourtant le tueur avec ce masque de vieille femme rousse ressemblant à Mylène Farmer sans maquillage est assez inquiétant et Richard Ciupka nous offre quelques jolis scènes de tension notamment un final avec une des dernières survivante traquée par le tueur dans un décor rempli d'accessoires de théâtre, de mannequins, de rideaux et de costumes. Le film comporte aussi quelques petites idées de mise en scène anecdotiques mais sympatoches comme certaines transitions et fondus entre deux scènes se faisant avec l'ouverture d'un épais rideau rouge de théâtre. Pour le reste le travail de Richard Ciupka reste très classique et sans fulgurances.

Niveau Casting on aura le plaisir de retrouver des visages familiers comme John Vernon (L'inspecteur Harry – American College) dans le rôle du metteur en scène, Linda Thorson (Tara King dans Chapeau Melon et Bottes de Cuir), Samantha Edgar (Chromosome 3 – L'Obsédé) ou Lynne Griffin vue dans Black Christmas et qui incarne ici une comédienne humoriste de Stand-Up. A noter aussi la présence dans l'un de ses premiers rôles du comédien Michael Wincott (The Crow – Les Doors – Alien Résurrection) pour un petit rôle tellement anecdotique que l'on se demande à quoi il sert vraiment.

Même si la résolution n'est pas tout à fait à la hauteur du mystère et que le film reste globalement assez moyen, Curtains L'ultime Cauchemar propose entre thriller et slasher un récit suffisamment tendu pour maintenir le suspens de bout en bout.