D'une seule voix par Le Blog Du Cinéma
En visionnant D'une Seule Voix, mon esprit, viscéralement, s'est connecté avec une fiction dont j'ai déjà péroré avec toi, Lecteur, sur ce Blog, 'La Visite de la Fanfare' (d'Eran Kolirin). L'approche – fictive pour Kolirin et documentaire pour de Lauzanne – est identique : l'échine filmique s'articule autour de l'art musical. Engoncés dans un Conflit séculaire, Palestiniens et Israéliens sont iniquement dépeints au travers de l'unique prisme médiatique, prisme empreint d'un partisanisme doctrinaire estampillé 'Occident' – Lecteur, rends-toi service, amnistie la bouille sépulcrale de Jean-Pierre Pernaut, 'D'Une Seule Voix' n'est pas le fruit d'un acte manqué.
Avec des moyens plus que minimalistes, Xavier de Lauzanne embarque sa caméra sur l'épaule – à la manière de Paul Greengrass dans Bloody Sunday, autre combat des Extrêmes – pour s'immiscer à bride abattue dans l'entrelacs relationnel de cette communauté hybride de musiciens. Rassembler ces composites provenant d'horizons culturels et religieux (les 'trois' monothéismes sont représentés !) aussi diversifiés peut paraître de prime abord prosaïque – Lecteur intellectuel de tout bord bien-pensant, délaisse cette page pour te préparer une suave infusion à la verveine. Après un décorum qui s'installe à son rythme, nous faisons connaissance avec les musiciens, les choristes, les chanteurs, l'organisation échafaudée par Jean-Yves Labat de Rossi – Lecteur, ce Monsieur n'est personne d'autre que le maître d'œuvre aux synthétiseurs sur le premier opus du groupe Utopia, géniteur d'un rock progressif en pleine euphorie. Le plan du mur de béton, séparant les deux communautés, constitue le caractère ontologique de l'espace-temps qu'orchestreront les musiciens tout au long de la tournée en France. L'objectif de la caméra se glisse subrepticement dans les coulisses pour capter les moindres tensions qui s'attisent au gré des représentations, une parole de trop, un geste instinctif mal accepté, le spectateur se trouve immergé dans le cœur du conflit : la symbolique gestuelle, la symbolique vestimentaire et la symbolique sémantique apportent une profondeur de réflexion que nous ne pouvons esquiver. Les sensibilités s'exacerbent, le débat politique se fixe, le système se met en branle, le livre de la vie s'ouvre à notre regard, avec ses chapitres d'interrogations et de doutes, avec cette peur de l'autre et de l'inconnue qui plane en filigrane – 'la vérité n'est pas le contraire du mensonge, la vérité, c'est la découverte de l'inconnu' (Abbas Kiarostami) [...]
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