Looney Fatality

C’est terrible d’avoir un film aussi beau, inventif et osé visuellement mais tout aussi fade et laid dans sa narration et ses intentions. Je précise quand même que j’ai vu le film en VF et que certains choix d’adaptation influent sûrement sur mon avis.

Les gens qui ont bossé sur le scénario ont suivi la « recette Looney Tunes » (ou le « cahier des charges » si vous préférez) mais se sont clairement plantés dans les dosages.

Le film navigue entre blagues « looney-like » auxquelles on s’attend, blagues sexistes auxquelles on s’attend moins, mauvaises blagues qu’on aurait pu prévoir, blagues datées qu’on aurait dû voir venir, et de temps en temps une blague un peu recherchée et inventive. Le pire étant (mis a part le sexisme bien sûr) les blagues qui vont à l’encontre même de l’univers. Comment ça Daffy est conscient de sa schizophrénie ?

La narration est clairement celle de 3 épisodes de série tenus par un sparadrap, très joli et efficace mais qui finit par trop se détendre à force qu’on tire dessus.

Pour ce qui est des intentions, on est quand même face a un film AMÉRICAIN, pour LA FAMILLE, produit par une major HISTORIQUE, mettant en scène deux personnages phares de sa culture, deux symboles, deux porte-étendards, DEUX HÉROS, qui font face, encore une fois, (petit spoil inoffensif en approche) à un ALIEN, un étranger, qui ZOMBIFIE LE PEUPLE AMÉRICAIN, et de ce fait, le peuple entier de LA TERRE en se servant d’une USINE AMÉRICAINE. C’est vraiment « G.I Joe sauve le monde en liberant Ford de l’URSS ». On a absolument tous les ingrédients pour faire un bon film de propagande mais impossible de trouver un ennemi clair. Meme là le propos se noie. J’ai quand meme cherché et j’ai fini par trouver. L'ennemi ici, ce ne sont pas les russes, les mexicains ou les chinois. Je crois que ce sont simplement les WOKES, ceux qui gentrifient nos campagnes, ceux qui ne nous laissent plus rire comme avant, ceux qui boivent du bubble tea et ceux dont les intentions sont peut-être louables (faudrait pas perdre des clients non plus) mais dont les manières de faire sont viles et effrayantes.

Je pourrais m’étaler encore un moment sur les intentions mais je veux surtout finir sur un détail que j’ai déjà évoqué mais qui me semble crucial, c’est un film hautement SEXISTE. J’ai évidemment envie de parler de Mme Grecht, cliché ambulant de la mégère américaine dont les fesses et la poitrine sont gonflées à outrance et font un bruit de ballons de baudruche. Oui, c’est un cliché volontairement satirique mais pourquoi ces blagues visuelles sur le physique ne sont faites que sur les figures féminines ? Pourquoi le savant et le maire, tout aussi importants à l’intrigue que Mme Grecht, sont-ils dépeints comme des hommes physiquement « ordinaires » ? Pourquoi dans les scènes de foule, quand Porky doit se glisser entre un groupe d’obèses, ce sont des jambes de femmes qui sont le plus visibles ? Pourquoi la première blague que fait Daffy sur Petunia m’a donné envie de vomir tellement elle est salace ?

D’ailleurs, pourquoi (et dans quel monde est-ce même possible ?) vouloir sexualiser Petunia Pig ? D’abord love-interest un peu nulle, on lui offre tout de même un beau rôle, une partie de la solution vient d’elle initialement et puis soudain, elle se fait capturer. Tout devient plus sérieux et elle, cochonne parmi les hommes, retourne à sa place de personnage secondaire par qui les larmes du spectateur couleront, si tant est qu’on ait réussi a les émouvoir (non, mais alors vraiment pas).