Film de niche
Depuis son exil aux USA, Jet Li a beaucoup déçu ses fans de la première heure. On ne peut pas vraiment leur donner tort d'ailleurs. Du navrant Romeo Must Die au pathétique Craddle To the Grave, ses...
Par
le 12 janv. 2011
11 j'aime
1
Danny The Dog est une œuvre surprenante qui fonce tête baissée dans la violence chorégraphiée pour mieux anticiper un virage à 180 degrés et se raccorder à l’émotion la plus simple. Louis Leterrier donne vie à un personnage principal écartelé entre la bestialité dans laquelle il a été contraint de vivre et l’humanité, mieux la bonté qui se cache en lui tel un trésor insoupçonné. Son film est une révolte contre l’esclavage domestique et des rapports de force qui ne trouvent à s’imposer que par la peur, qui coupent l’individu de ses racines familiales pour le remodeler, le transformer en machine de combat. L’interprétation de grande qualité qu’en propose Jet Li offre au personnage une rugosité qui n’exclut pas la tendresse, et à l’inverse une gentillesse qui porte en elle les séquelles d’une violence toujours prête à exploser.
Le collier qu’il est forcé de revêtir constitue le symbole de soumission par défaut, un accessoire de dégradation puisqu’il indique l’appartenance à un maître, un accessoire qui altère la liberté réactionnelle de Danny, conditionné pour attaquer lorsqu’on le lui ôte. Aussi la scène d’affranchissement, scène durant laquelle Victoria envisage de détacher le collier du cou de Danny, prend-elle le spectateur à la gorge, l’adolescente ne sachant pas quelle sera la réaction de l’homme de trente ans qu’elle s’apprête à « déchaîner ». Transparaît ici un acte de foi en l’humain et sa sensibilité, aussi profondément enfouie puisse-t-elle être, qui permet à Louis Leterrier de revisiter le cinéma d’arts martiaux en l’inscrivant dans un cadre inhabituel – Glasgow, en Écosse – et le liant à une intrigue familiale originale.
Danny The Dog est une belle réussite qui brosse le portrait d’un protagoniste marginal peu à peu nettoyé de l’image monstrueuse qui lui collait à la peau et raccordé à l’humanité par l’amour et la musique. Si la mise en scène a parfois tendance à charcuter ses combats, notamment ceux du début, si la désaturation de l’image, bien qu’elle serve à rehausser la chaleur qui se dégage de l’appartement de Sam, s’avère assez laide, le film ose mêler les registres sans excès, impressionne, attendrit et fait rire. Une très bonne surprise.
Créée
le 3 avr. 2020
Critique lue 207 fois
2 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur Danny the Dog
Depuis son exil aux USA, Jet Li a beaucoup déçu ses fans de la première heure. On ne peut pas vraiment leur donner tort d'ailleurs. Du navrant Romeo Must Die au pathétique Craddle To the Grave, ses...
Par
le 12 janv. 2011
11 j'aime
1
J'ai découvert Danny the Dog très tôt, à une époque où j'étais habitué aux films d'action sans scénario. Ce qui comprend les filmos quasi complète de JCVD, Steven Seagal, ou Wesley Snipes. Ca me fait...
Par
le 2 nov. 2018
3 j'aime
...En tout cas, il n'a pas lu celui de Danny The Dog sinon il aurait su dans quelle daube il s'engageait. Car oui, ce film est une daube et a fortiori une daube française de Louis Leterrier qui...
Par
le 6 nov. 2013
3 j'aime
Du même critique
Nous ne cessons de nous demander, deux heures durant, pour quel public Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu a été réalisé. Trop woke pour les Gaulois, trop gaulois pour les wokes, leurs aventures...
le 1 févr. 2023
127 j'aime
9
Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...
le 19 janv. 2019
89 j'aime
17
Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...
le 11 sept. 2019
78 j'aime
14