Pour qu’une danse puisse survivre à la mort de son chorégraphe, il est nécessaire que certains corps en restent les mémoires vives et transmettent l’énergie et le mouvement singuliers qui la caractérisent. Ces interprètes pourront alors éventuellement à leur tour passer le témoin à la génération suivante.
Lorsque l’Opéra de Paris décide d’ajouter à son répertoire Glacial Decoy, chorégraphie que sa créatrice Trisha Brown (l’une des figures de proue de la danse post-moderne étasunienne), alors gravement malade, n’est plus en état de transmettre elle-même, l’institution fait ainsi appel à deux de ses anciennes danseuses, Lisa Kraus et Carolyn Lucas.
Au lieu de faire un collage d’archives qui aurait vocation à nous donner une vision exhaustive de l’œuvre de Trisha Brown, la réalisatrice Marie-Hélène Rebois se concentre sur la transmission d’une seule des pièces de la chorégraphe, en filmant son évolution de répétition en répétition. Le travail de Trisha Brown se caractérisant par un jeu sur la gravité, les jeunes ballerines de l’Opéra de Paris doivent déconstruire un certain nombre de réflexes que leur a inculqués leur formation, pour toujours essayer d’aller vers le haut. La richesse du documentaire réside entre autre dans ce minimalisme, qui nous permet d’assister aux différentes étapes de cette transmission du mouvement particulier des corps.
Une réussite.