Peine capitale
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Comme l'exprime très bien l'affiche du film, il y a parfois des histoires d'amour où l'amour n'a pas sa place. Deux amants résignés dont les regards s'évitent et qu'aucune étreinte ne vient resserrer ou rassurer.
Buenos Aires, 1974. Benjamin Esposito, agent du ministère de la justice enquête sur le viol et l'assassinat d'une jeune femme. Accaparé par cette affaire il renonce à déclarer sa flamme à celle qu'il aime secrètement, la juge Irène Ménendez Hastings, sa supérieure hiérarchique. Celle-ci éprouve de l'attirance pour Benjamin mais issue d'une classe sociale plus élevée, elle se refuse à aller plus loin que la considération professionnelle qui s'est établie entre eux. L'amour reste ainsi en suspend.
Dans le même temps, Esposito se rapproche du mari de la victime, Ricardo Moralès. Un homme détruit a qui l'on a volé l'amour de sa vie et qui exige que justice soit faite. Esposito lui fait la promesse que l'assassin de sa femme finira en prison, à perpétuité.
L'enquête se poursuit et l'assassin, un certain Gomez, est enfin arrêté (lors d'un plan séquence mémorable).
Le temps du deuil pour Moralès et celui d'un nouveau départ dans la vie pour Benjamin et Irène semble alors venu... Oui mais voilà, dans l'Argentine des années 70 où règnent corruption et coups bas, les forces au pouvoir font peu de cas de la justice, de l'intégrité et des sentiments. Et les assassins peuvent faire excellents hommes de main au service du tout dernier politiciens "élu". Le meurtrier violeur est ainsi libéré peu après son arrestation. Benjamin, menacé, doit fuir loin d'Irène et Moralès renoncer à la justice qui lui était due.
25 ans plus tard, Benjamin revient dans une capitale apaisée, retrouve Irène et lui annonce qu'il reprend l'enquête.
Le film est ainsi remarquablement construit : à la manière d'un cold case, les scènes du passé (1974) succèdent à celle du présent (1999) lorsque l'enquête reprend son cours. La première partie de l'histoire se révélant au gré des souvenirs (flashback) qu' en ont Irène et Benjamin. Avec les années, leurs chevelures ont grisonné, les visages ont pris la marque du temps mais leur détermination à poursuivre l'enquête (et leur relation) là où elle avait achoppé se révèle intacte.
Remarquable pour son scénario dont la structure et les thèmes rappellent ceux du drame antique. Dans ses yeux brille aussi par la qualité de ses acteurs. On est ainsi bluffé par l'interprétation de Ricardo Darin et Soledad Villamil qui réussissent à incarner leurs personnages à 25 ans d'intervalle mais également par les personnages secondaires comme le touchant Ricardo Moralès, enfermé à jamais dans son histoire d'amour passé ou encore l'exubérant et très engagé Sandoval, pilier de comptoir bavard et ami de Benjamin à la vie à la mort.
Histoire d'amour, film à suspens et film politique, Dans ses yeux est un film à ne pas manquer.
Personnages/interprétation : 10/10
Scénario/histoire : 8/10
Mise en scène/réalisation : 9/10
9/10
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Créée
le 25 août 2018
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