La production Disney actuelle est si médiatisée et invasive, particulièrement en ce qui concerne les films d’animation, que l’on aurait presque tendance à oublier que ce studio est à l’origine de nombreuses pépites à travers les décennies précédentes, dont certaines sont malheureusement tombées dans l’oubli malgré des qualités indéniables. Darby O'Gill et les Farfadets fait clairement partie de cette catégorie.


Tourné pendant l’âge d’or des Studios Disney, Darby O'Gill, basé sur les histoires de Herminie Templeton Kavanagh, est une fusion du folklore irlandais et de la magie cinématographique classique de Disney. On y retrouve la touche si particulière des films de l’époque de l'oncle Walt, mêlant de nombreuses scènes lumineuses et joyeuses avec beaucoup de moments plus sombres et effrayants, ainsi qu’un certain charme à l'ancienne émanant de ses acteurs et de son design typique des films des années 50. La première chose qui saute aux yeux est sa très grande qualité de production, notamment au niveau des moyens mis en place pour recréer l’ambiance d’un village niché au milieu des collines verdoyantes de l'Irlande, impressionnant lorsque l’on sait que ce film a pratiquement été entièrement tourné en studio sous le soleil de la Californie. On se réjouira également du travail de recherche mis en place pour présenter une vision crédible de la mythologie irlandaise, allant jusqu’à faire parler certains acteurs en gaélique ancien l’espace de quelques séquences, génial!


Bien, ce film est donc une production qui a su se mettre sur les bons rails dès le début, ce qui est toujours bon signe, mais une bonne qualité de production ne suffit pas à elle seule pour faire un bon film, quelles sont donc les raisons de ce succès? C’est ce que nous allons voir de suite, après un petit détour du côté du synopsis:


Darby O'Gill (Albert Sharpe) est le garde-chasse vieillissant de la propriété du riche Lord Fitzpatrick (Walter Fitzgerald), où il vit dans un pavillon voisin avec sa charmante fille, Katie (Janet Munro). Darby passe le plus clair de son temps au pub du village, à raconter les histoires de ses tentatives pour attraper les Leprechauns, un mot signifiant littéralement "petit corps" en gaélique, et qui selon la légende sont donc des sortes de lutins de 21 pouces de hauteur, habituellement habillés avec des tenues de couleur vert herbe, vivants jusqu’à 5000 ans, et possédants des richesses incroyables, particulièrement leur roi, Brian Connors. Darby étant payé à mi-temps comme laboureur, Lord Fitzpatrick décide de lui faire prendre sa retraite en lui laissant la moitié de son salaire, et en l'installant gratuitement avec sa fille dans une autre maison. Pour le remplacer, il engage un jeune dublinois nommé Michael McBride (Sean Connery). Darby demande à Michael de cacher à Katie qu'il le remplace, ce qu'il accepte à contre-cœur.


La nuit même, alors qu’il poursuit son cheval emballé, Darby est capturé par les lutins au sommet de la montagne magique Knocknasheega. Darby apprend que le Roi Brian l'a attiré dans la montagne pour lui éviter d'avoir à avouer honteusement à Katie la perte de son travail...


Un point intéressant à signaler d’entrée concerne le message de remerciements précédant l’ouverture du film, adressé par Walt Disney en personne au Roi des Leprechauns pour sa coopération dans la réalisation du métrage. Un détail à priori anodin mais qui en dit long sur les intentions derrière ce métrage. Rappelons-nous que Walt Disney, en dehors de l’industriel que tout le monde connaît, était aussi un être passionné qui souhaitait rendre ses films aussi réels que possible. Ainsi, lors du tournage de l'épisode Wonderful World of Disney destiné à promouvoir le film, il joua sa rencontre avec le roi Brian et Darby comme un événement réel. Il s’agit d’une méthode de promotion qui pourrait sembler ringarde à notre époque, mais au final c’est ce genre de petits détails qui incarnaient le secret de la réussite de Walt Disney; Il pouvait tout rendre possible.


Dans les faits, il est presque impossible de parler de ce film sans évoquer les rapports entre la production hollywoodienne et le vieux continent. Généralement, les films américains mettant en scène des acteurs grimés essayant tant bien que mal de singer un accent ont plus qu’autre chose le don d’agacer les européens que nous sommes, on pensera évidemment au Péplum ou à de nombreuses autres reconstitutions historiques, en ce qui concerne un film américain sur les mythes irlandais, il serait facile de tomber dans le cliché du film dépeignant une bande d’ouvriers ivres cuvant dans un pub stéréotypé juste avant une bagarre, pendant que leur femmes s’occupent des tâches ménagères en lessivant après avoir jeté le seau de déchets par la fenêtre. Honnêtement, ce film n’est pas exempt de ce genre de préjugés, et se fait un malin plaisir de passer en revue à peu près tous les stéréotypes irlandais existants. Cependant, il est facile de comprendre que cette production respecte son matériau de base, et porte un regard plutôt bienveillant à l’égard des mythes et légendes irlandais.


En se renseignant un peu sur le sujet, on se rend compte qu’il s’agit probablement d’un des projets les plus personnels de Walt Disney, qu’il a développé pendant plus de 10 ans après avoir découvert les histoires de Herminie T. Kavanagh au milieu des années 40, il est ainsi plaisant de voir que le studio envoya des artistes en Irlande pour effectuer des recherches sur le matériel de fond, en visitant notamment les Archives folkloriques irlandaises pendant de nombreuses années. Les représentations des différents contes folkloriques de l’île sont ainsi parfaitement respectées. On notera également un casting entièrement composé d’acteurs irlandais et britanniques, comme quoi Game of Thrones n’a rien inventé à ce niveau.


Le casting, parlons-en, l’attraction principale de ce film reste certainement de voir Sean Connery en plein dans la vingtaine, et qui pousse la chansonnette surtout! Il s’agit d’un rôle secondaire certes, mais il faut se rappeler que nous sommes en 1959, soit trois ans avant qu'il ne devienne célèbre en tant que premier interprète de James Bond. En bref, si vous pensiez avoir tout vu en ce qui concerne Sir Sean Connery après avoir vu Zardoz, eh bien détrompez-vous! Outre ce rôle improbable pour ce monument du cinéma, le film présente également la particularité de faire figurer la belle Janet Munro dans l'un des très rares films auxquels elle participa dans sa courte carrière, avant son décès prématuré en 1972.


Leur performance dans les rôles de Michael et Katie fait vraiment plaisir à voir, ils développent une telle alchimie que l’on en vient à se dire qu’ils auraient très bien pu figurer au casting d’une pièce de Shakespeare, dans les rôle de Benedict et Béatrice par exemple! Le seul point noir concernant leur romance étant qu’elle se retrouve au centre d’une facilité scénaristique dans le dernier tiers du film, il s’agit cependant d’un écart facilement pardonnable compte tenu de la qualité de leur prestation.


Mais qu’en est-il du rôle principal, à savoir celui de Darby O’Gill? Le Nord-Irlandais Albert Sharpe fait un excellent travail dans ce rôle de vieil ivrogne qui aime raconter ses contes fantasmagoriques dans le pub du village. Son rival, le roi des Leprechauns, incarné par Jimmy O’Dea, lui offre une opposition de qualité, avec une prestation d’acteur magnifiée par les effets visuels. Leur histoire commune tournant autour des légendes entourant les créatures du folklore irlandais constitue le cœur même du récit et offre un vrai petit plaisir cinématographique à chacune de leurs scènes, où chaque plan se révèle être un trésor d’ingéniosité parvenant à surpasser son prédécesseur dans sa façon de surprendre le spectateur.


Pour continuer sur le sujet, la composition des cadres est superbe, avec notamment un excellent usage de plans et d'angles de perspective lorsque les lutins et les humains partagent l'écran. Il ne serait d’ailleurs pas surprenant que Peter Jackson se soit inspiré des effets visuels de ce film lors de la réalisation du Seigneur des Anneaux, particulièrement en ce qui concerne les scènes rassemblant les hobbits et les personnages de taille humaine.
Il faut cependant rappeler (encore une fois) que l’on est en 1959 et que tout n’est pas parfait d’un point de vue technique, même pour un film rempli de très bons effets spéciaux comme celui-ci, on notera quelques scènes où les superpositions des sujets réels sur le décor font plus penser à un filtre Movie Maker qu’autre chose, difficile de ne pas regretter le dessin animé dans ce genre de cas. Mais même si les astuces de trucage sont parfois faciles à détecter, il s’agit dans l’ensemble d’une œuvre de qualité d’un point de vue technique, chose qui se vérifie en ce qui concerne la musique, un aspect tenant bien évidemment une place prépondérante dans ce film.


Et il est bien évidemment impossible de parler de musique sans évoquer le fait que l’on entende Sean Connery chanter, et oui, malgré ce qui se dit sur le sujet, il n’y eut aucun play-back pendant le tournage, il s’agit bien de la voix de Sean Connery que l’on entend pendant les chansons, cela se remarque particulièrement durant son interprétation de "My Pretty Irish Girl". Il est plutôt surprenant de se dire qu’au milieu d’un film impliquant des lutins et bien d’autres joyeuses créatures folkloriques, le fait le plus étrange soit que l’on observe le futur James Bond entonnant des chansons avec entrain. Un aspect pour le moins charmant et accrocheur, mais plus que bizarre lorsqu’on se rend compte de la carrière que Sean Connery aurait plus tard.


Outre les sympathiques chansons entonnées par les personnages, les compositeurs sont allés déterrer quelques classiques du répertoire irlandais pour notre plus grand bonheur, dont notamment le joyeux air d'une musique de chasse au renard, utilisé dans une scène en particulier comme un prétexte pour faire entamer une danse à nos amis de petite taille et les faire enfourcher leur chevaux miniatures (ce qui nous offre par ailleurs un nouveau tour de force visuel en ce qui concerne les effets spéciaux). Ce morceaux très accrocheur est vraiment merveilleux autant dans sa construction que dans l’utilisation qui en est faite dans le film, et il est vraiment étrange qu'il n’ait jamais été plus médiatisé que ça, tant il possède le potentiel d’un véritable hymne populaire, comme ce fut le cas pour tant d’autres chansons de Disney à travers l’histoire.


La musique dans ce film permet également de souligner d’autres aspects que l’on ne s’attend pas forcément à voir dans un Disney, notamment la question des rapports humains et de la consommation d’alcool. Ceci se vérifie notamment dans une scène impliquant Darby et le roi des Leprechauns, entamant une sorte de concours de boisson tout en entonnant la mélodie de "La chanson des souhaits", une chanson de beuverie typique que l’on s’imagine plus volontiers entendre dans un joyeux pub que dans un film dit "familial". Ce genre de détail dénote tout de même une certaine différence entre les Disney d'autrefois, qui intégraient des personnages réalistes, bon vivants, fumeurs et n’hésitant pas à s’adonner à l’abus d’alcool, et la production actuelle, plutôt lisse dans l’ensemble et où il serait impensable de retrouver ce type de caractère, comme quoi tout n’évolue pas forcément dans le bon sens.


On notera également une belle représentation des rapports familiaux et amoureux, traités encore une fois de manière plutôt réaliste, un très bon exemple s’offre d’ailleurs à nous lors d’une scène où Katie prend la défense de son père face à Michael, lorsque ce dernier l’accuse d’avoir passé la nuit à boire et chasser des Leprechauns imaginaires. L’opposition entre un monde purement fantastique et imaginaire et des problèmes plus terre-à-terre est plutôt de bonne augure dans l’optique de souligner le discours du film, ainsi, lorsque Darby demande à sa fille ce qu’elle voudrait si on lui accordait deux souhaits, elle se contente de lui dire de s'asseoir et de manger sa bouillie d'une manière plus que maternelle. On peut en venir à penser que cette relation très émotionnelle et réaliste entre un père et sa fille est probablement la première du genre à voir le jour dans un film Disney, plus de 30 ans avant Maurice et Belle dans La Belle et la Bête. La façon qu’ils ont de se protéger l’un l’autre est vraiment touchante, et ce malgré la façon très sobre dont leurs scènes en commun sont tournées. Par ailleurs, c’est pendant l’une de ces scènes que l’on apprend que Darby est devenu un homme solitaire et renfermé après la mort de sa femme, et qu’il se rend au pub avant tout dans le but de se socialiser, de retrouver un peu de chaleur humaine, sa position de garde-chasse de la propriété du Lord lui ayant permis de rester dans l'estime des gens de la ville.


En parlant de cela, l’un des points qui différencie grandement ce film de beaucoup d’autres productions du genre est la ville elle-même. Contrairement à la représentation que l’on se fait habituellement de la petite bourgade de conte fantastique, il ne s’agit pas d’une ville froide et austère, emplie de gens miséreux et hostiles, les personnages que l’on croise ici feraient plutôt penser au voisinage d’un petit quartier chaleureux et accueillant. Et c’est un aspect très important, car cela permet de s’immerger immédiatement dans l’ambiance du film, l’empathie développée par l’ensemble de ce lieu est telle que l’on en aurait presque envie d’aller se balader dans ses rues et d’aller prendre un verre au pub avec les habitants. En somme, les personnages et leur environnement font du monde de ce film une vraie petite bulle de bien-être et de confort que l’on regrette presque de devoir quitter une fois le générique de fin arrivé.


En dehors de son apparence de conte de fée idyllique, le film contient l'une des scènes les plus effrayantes à avoir jamais été tournées dans un film de Disney, à savoir le hurlement de la hideuse Banshee, accompagnée du "Death Coach", que l’on pourrait traduire par "Carosse de la mort", ou "Cóiste Bodhar" en gaélique irlandais.


Pour la petite histoire, la Banshee est une créature redoutée du folklore celtique, qui arrive pour annoncer la mort d'un être cher. Il s’agit plus précisément d’une sorte de fantôme, ayant l’apparence d’une vieille femme hagarde qui vient gratter aux fenêtres une fois la nuit tombée, en pleurant et poussant des cris atroces.


Le Cóiste Bodhar quant à lui, est une sorte de calèche conduite par le Dullahan (ou cavalier sans tête) qui apparaît pour avertir de la mort imminente d’une personne proche. En Irlande, en particulier, le Cóiste Bodhar est considéré comme une représentation de l’inéluctabilité de la mort, une fois arrivé sur Terre, il ne peut pas retourner d’où il est venu sans emporter quelqu’un avec lui. Ainsi, une fois que la mort d'un individu a été décidée par une plus grande puissance, les mortels ne peuvent rien faire pour l'empêcher…


Il est étonnant de voir qu’un film plutôt joyeux et enfantin au premier abord puisse également comporter des scènes aussi sombres. Il s’agit typiquement du genre de parti-pris qui fait de Darby O'Gill une production se classant sans problème dans le haut du panier de son genre. Plus précisément, la vue du vieux Darby essayant de repousser la Banshee est fortement émotionnelle et très étonnante pour un film Disney, induisant une imagerie aussi cauchemardesque que divertissante. Cependant, même à ce niveau, les limites techniques de l’époque se font ressentir, et la créature n’est finalement terrifiante que par son apparence, n’étant pas en soi une menace réelle pour l’intégrité des personnages.


Le design du Cóiste Bodhar est plutôt convainquant. Tout comme la Banshee, il s’agit d’un sujet filmé séparément puis incrusté en subissant divers traitements, dont une inversion des couleurs et un effet de lueur ajouté pour le faire paraître fantomatique, mais son apparence est beaucoup plus prenante, reléguant le reste des effets spéciaux du film au rang d’amuse-bouche visuels.


Considérations techniques mises à part, c'est une scène très efficace, et touchante, notamment dans la façon dont Darby, malgré sa cupidité, place toujours sa fille en premier. Une séquence brassant des émotions variées, de la peur induite par la Banshee, au désespoir du destin funeste annoncé par l’arrivée du carrosse de la mort.


Outre son côté horrifique, cette scène met également en lumière le cœur du scénario de ce film, qui se révèle être la rivalité amicale entre Darby et Brian, et le profond respect qu'ils ont l’un pour l'autre malgré le jeu du chat et de la souris qu'ils ont entamé depuis plusieurs années. Bien qu'ils se considèrent comme des adversaires, au fond, ils sont des amis.


Bref, inutile de parler plus en long des éléments scénaristiques de ce film, il y a encore beaucoup à découvrir et il serait dommage de perdre l’élément de surprise, le seul point qu’il nous reste à aborder concerne les fameux clichés relatifs à l’Irlande évoqués plutôt, nous avons déjà parlé des lutins, des collines verdoyantes, des villages bucoliques, des richesses cachées, du whisky, des banshees et autres fantômes terrifiants, ce qui signifie qu'il ne reste plus qu'un stéréotype irlandais à traiter, à savoir celui des inévitables bagarres de pub entre poivrots…


Une scène de bagarre entre ivrognes dans un film Disney, cela sonne un peu comme une fausse note au milieu d’une partition de musique classique, pourtant ce film a bel et bien osé en intégrer une, sans toutefois aller trop dans l’explicite. La réalisation s’attarde plus sur la réaction du "public" que sur la bagarre elle-même (ne pas oublier que l’on est dans une production Disney, dénoncer la consommation excessive d'alcool et la haine de l’autre c’est une chose, mais montrer de la violence à l’écran reste un tabou insurmontable pour ce genre production, pensez donc aux enfants voyons!). Trêve d’ironie, cette séquence n’est évidemment pas du niveau de la bagarre de The Quiet Man, mais cela reste un combat divertissant qui s’intègre plutôt bien dans l’ambiance générale du film.


En somme, malgré quelques défauts évidents, Darby O'Gill reste un film intéressant et très sous-estimé. Présentant des personnages sympathiques, un monde étoffé et des effets spéciaux de très haute qualité qui restent agréables à l’œil même après plus de 50 ans, il s’agit probablement de l’un des films qui a ouvert la voie à des classiques tels que Mary Poppins et L’Apprentie Sorcière, sans oublier que nous n’aurions probablement jamais vu Sean Connery dans le rôle de James Bond s’il n’avait pas participé à ce métrage. Pour la petite histoire, l'épouse d'Albert R. Broccoli l’aurait recommandé après avoir vu ce film, impressionnée par sa prestation de jeune macho arrogant.


On appréciera particulièrement l’équilibre du récit entre les aspects lumineux et ceux plus sombres du patrimoine culturel de l'Irlande (ou du moins la façon dont les Américains des années 50 voyaient l'héritage culturel irlandais); Une grande partie du film se déroule en effet comme un conte de fées à l'ancienne, à la fois amusant et effrayant.


En parlant de cela, la forme même de ce film mène à se poser une question essentielle de nature extra-diégétique. Nous vivons dans un monde où la plupart des gens essayent souvent de ne pas offenser leur prochain, particulièrement dans le monde de l’art et de la création, les anciens films comme celui-ci développent un charme indéniable induit en partie par leur maladresse à parler d’un sujet à priori difficile à traiter au vu des différences culturelles entre américains et européens. Pourtant, on ne peut s'empêcher de se demander ce qu’un authentique irlandais penserait de ce film, tout comme on le ferait pour une production étrangère mettant en scène notre propre pays. La question reste ouverte mais il s’agit d’un sujet de discussion qui pourrait s’avérer intéressant autour d’une bonne Irish Stout dans un pub de Dublin.


Pour conclure, Darby O’Gill est un film réellement merveilleux, sans doute l'un des projets les plus personnels de Walt Disney, qui démontre tout les efforts entrepris et le soin apporté par son créateur. Ce film est fantaisiste sans être stupide, surnaturel sans être bizarre, et constitue un régal cinématographique rarement égalé dans la production Disney. Loin d’être un simple film pour enfants comme beaucoup pourraient le supposer, une œuvre proposant un voyage mémorable au cœur de la culture irlandaise traditionnelle, rempli de mythes et légendes, et brassant des thèmes aussi variés que la comédie, le théâtre, le frisson, le suspense, le chant, l'aventure, sans oublier un peu d'histoires de fantômes pour pimenter le tout. Disposant d’effets spéciaux impressionnants pour l’époque, d’une photographie magnifique et d’une direction musicale de très haute volée et, bien entendu, de performances d’acteur à la hauteur des attentes. Beaucoup scruteront sans doute la prestation de Sean Connery dans l'un de ses premiers rôles au cinéma, une particularité qui ajoute définitivement à ce film un côté incontournable et attirant, mais il serait de bonne augure de le prendre avant tout pour ce qu’il est, à savoir une œuvre soignée, qui a pu bénéficier de la passion de ses créateurs et de leur amour pour l’ensemble de cette formidable culture qu’est le folklore traditionnel irlandais.

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le 18 mars 2017

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