Bon, je n'attendais rien de ce court-métrage, si j'aime bien ceux que Lynch a fait quand il était jeune comme The Alphabet, quelques-uns de ses plus récents m'ont plutôt laissé de marbre, comme Absurda. Mais ce n'est pas le cas de Darkened Room.
Si je n'ai pas encore vu INLAND EMPIRE, les films à la dv c'est une forme qui m'intéresse vachement, j'aime par exemple beaucoup quand Alain Cavalier fait ses films dans son coin avec sa petite caméra et fait des merveilles avec, ou des gens comme Godard qui vont te faire des trucs sublimes avec rien (pas que je le connaisse bien, très loin de là, mais je pense notamment à Adieu au langage que j'avais adoré). Et mine de rien, ce petit film de merde fait avec trois fois rien parvient à m'intriguer et presque à me fasciner, ce qui n'était pas forcément gagné d'avance. Alors oui, c'est pas Mulholland Drive, mais quand même... Lynch utilise toujours aussi bien le son pour créer une ambiance étrange, fascinante, j'ai l'impression qu'il a voulu impliquer le spectateur dans cette histoire en lui faisant des apostrophes (ce qui n'est pas fréquent chez lui, enfin peut-être dans INLAND), et ma foi ça fonctionne plutôt bien sur moi. Je crois que ce que je préfère c'est le début, cette fille qui nous demande si on voit son amie qui pleure, et ce long plan où on la voit au fond, sans dire un mot, ça m'a vraiment intéressé et fasciné. Bon alors je lis ici et là que l'image est dégueu, le point mal fait ect, mais bon, quand je regarde ça je m'en fous complètement, je me doute bien que Lynch n'est pas le dernier imbécile venu et qu'il ne va pas faire des "erreurs" pour le fun, il crée son film avec sa forme et point barre, au risque de ne pas plaire. Personnellement je peux être assez friand de ce genre d'images crades, qui quelque part se rapproche de la réalité ou du moins d'une réalité de vidéo plus proche de nous tous (qui n'a jamais filmé un événement quelconque avec son téléphone ou un caméscope pourri), et en même temps on est pas dans lé réalité, on ne sait d'ailleurs pas vraiment où on est, ce qui se passe, mais comme toujours chez Lynch je m'en fous, c'est l'ambiance qu'il crée qui m'accroche. Là où devant Absurda je m'étais juste dit "mouais, ok", là je reste collé à l'écran et intéressé jusqu'à la fin.
Après je dois avouer que c'est le début que je préfère, même si le dialogue entre les deux filles n'est pas en reste, cette image de fille qui pleure, dont on ne sait pas bien l'objet du chagrin, qui s'adresse à nous et nous demande de l'aide, c'est assez fort pour me marquer à long terme. Tout comme la fin de The Alphabet en fait. Et c'est déjà pas mal du tout d'arriver à ça.
Je dirais que ce n'est pas ce que Lynch a fait de mieux (même dans les courts-métrages) mais que ça vaut au moins le coup d’œil.