De l'addictologie du côté obscur

Personnage le plus novateur de La Menace fantôme, Darth Maul nous a bien martyrisé en nous jouant le coup de l’ascenseur émotionnel. Entre les teasers du film pleins de promesses et la sous-exploitation scénaristique effective qu'il a subit, la déception fut grande. A partir de là, il y avait matière pour lui rendre hommage dans un préquel. C'est chose faite avec ce court métrage.

Réussite formelle sur le plan visuel. On balais tous les cadrages possibles, de la succession de très gros plans tirés du western, au plan zénithal en drone. Le montage tient lui aussi la route, et sert parfaitement le rythme, frénétique tout en ménageant des pauses pour maintenir la tension. On retiendra également, l'expressivité de l'acteur principal, remarquable vu la tonne de maquillage qu'il se trimbale ! Décors costumes et accessoire sont fidèle à l'univers.
Mais très vite on se rend compte que cette magnifique démo technique, qui fait bien sur un CV de jeune réalisateur, manque cruellement de sens. Le scénario n'est qu'un prétexte à peine déguisé pour un long combat au sabre laser. L'attachement émotionnel au personnage aurai pu être amplifié si la première partie, qui sert d'introduction, avait été plus étoffée. Enfin,les jedis ne sont que des cautions pour dévoiler toute l'étendue de la maîtrise de la force et de la noirceur du jeune sith.

Ces faiblesses sont elles un défaut pour le fan de Star Wars ? Car c'est bien le (seul) public ciblé. Si l'on prend un peu de recul, il n'y a pas tromperie sur la marchandise, la dimension fun est assumée tout du long, le film ne prétend qu'à divertir le plus simplement, ni plus ni moins. Certes la dimension émotionnelle aurait pu être plus travaillée, mais il faut prendre ce film pour ce qu'il est. Une péché mignon, un plaisir coupable, un shoot pour drogué de la saga de George Lucas, que l'on s'injecte pour la dose d'endorphine qu'il procure, et faire (un peu) patienter jusqu'à l'épisode officiel suivant, tout en nous maintenant accro, juste ce qu'il faut... Le côté obscur nous guette ; à l'addiction, résister nous devons.