David Bowie est un artiste absolument fascinant. Je suis entré dans son univers voilà quelques mois déjà et la plupart des choses que je sais de lui se résument à ce que j'en ai lu sur SensCritique ou dans les maigres livrets d'album et une paire d'interviews. Quand j'ai eu vent de l'existence de ce documentaire, je me suis empressé de me le procurer, avide d'en savoir plus. Mais celui-là ne répondra pas complètement à mes attentes...
Visiblement inspiré par la chanson d'ouverture de Ziggy Stardust, Francis Whately choisit un format quelque peu étonnant pour son documentaire : on va ainsi revenir sur 5 années déterminantes de la vie de David Bowie, du Thin White Duke, ou de n'importe quel autre de ses avatars.
Et déjà le bât blesse un petit peu. Comment réduire la carrière de Bowie, l'un des artistes les plus prolifiques, intéressants et complexes du XXe siècle à cinq petites années ? Je vous lève tout de suite le voile, on aura droit en gros aux périodes des albums Hunky Dory/Ziggy Stardust, Young Americans, Station to Station/Low/Heroes, Scary Monsters et enfin Let's Dance.
On voit tout de suite les gros manques : Pas un mot de tout le documentaire sur Aladdin Sane, Space Oddity (tout juste énoncé au début de la présentation de Scary Monsters) ou Diamond Dogs (que Bowie considère comme un de ses meilleurs albums), avec à la place les moyens Scary Monsters et Young Americans.
De même les chansons décryptés ne sont pas toujours les plus intéressantes. Rien sur Rock'n Roll Suicide, rien sur Starman, rien sur Sound and Vision... Ca reste relativement surfait et on s'intéresse plus principalement aux succès commerciaux.
Mais au final, le travail d'investigation reste relativement superficiel et c'est très regrettable, et pour cause. Whately a réussi à retrouver la plupart des musiciens et producteurs de Bowie et les a amenés pour qu'ils racontent du vent. De Tony Visconti à Brian Eno ou Nile Rodgers, de Trevor Bolder à Carlos Alomar pour pas grand chose. La plupart ne font que répéter à quel point Bowie est un génie en rejouant les morceaux qu'il a composé tout en énumérant une avalanche de superlatifs. Chose qu'on sait déjà si on a écouté les albums. On a bien sûr droit à quelques anecdotes intéressantes (la boucle de guitare au début de Station to Station par exemple) mais ça reste assez superficiel. Ils se contentent juste de parler du rôle qu'ils ont eu, sans aller en profondeur ce qui donne la désagréable impression de survoler le sujet.
On pourrait également pester contre l'étonnante absence de Bowie en interview, mais ça reste au final assez peu étonnant vu qu'il ne fait ça que très rarement, et on pourra largement se consoler grâce aux très nombreuses images d'archive qui nous permettent de le voir en interview aux différents moments de sa carrière. Au final, tout ce qu'on apprendra sur lui est relativement commun et correspond plus ou moins à ce qu'en disaient les médias à chaque époque, plus son obsession de la célébrité et du mythe de la rock star.
On regrettera aussi (encore une fois) qu'on en apprenne pas plus sur ses relations et les amitiés qu'il entretenait. Presque rien sur Iggy Pop, presque rien sur Lou Reed, presque rien sur John Lennon... Seul Andy Warhol aura au final droit à plus de deux minutes sur le documentaire.
Enfin il est toutefois intéressant d'en apprendre un peu plus sur ses activités extra-musicales, c'est-à-dire en tant qu'acteur de cinéma (mais ça spoile la fin de The Man Who Fell to Earth et rien sur Furyo) et de théâtre, mais ça reste maigrelet.
Vous l'aurez compris, ce documentaire est quelque peu décevant. On peut saluer le boulot pour déterrer les nombreuses images d'archives, mais le peu de substance qui s'en dégage est impardonnable. Toujours est-il qu'on ne passe pas un mauvais moment et qu'il s'agit pour le néophyte d'un bon moyen de s'y mettre.