David Copperfield
7.1
David Copperfield

Téléfilm de Peter Medak (2000)

Au fond de chacun de nous sommeille un petit garçon qui ressemble à David Copperfield.
Si le roman de Charles Dickens touche autant, c'est qu'il réunit à lui seul tous les thèmes liés à l'enfance et aux difficultés de la vie, qu'il en évoque à la fois les peines et les instants de bonheur, même si la jeunesse du héros est particulièrement sombre. Raconté à la première personne, il invite le lecteur à partager son ressenti aux divers moments de sa vie.


David Copperfield passe ses premières années dans le bonheur auprès de sa Mère adorée, Clara, et de la dévouée Peggotty, sa servante.
Le drame entre dans sa vie lorsque sa Mère se remarie avec le terrible Mr Murdstone, figure malfaisante qui pèsera sur la vie de David. Brutalement séparé de sa Mère, David est envoyé dans une terrible institution, l'Ecole Salem, où il connaîtra humiliations et punitions corporelles.
Totalement soumise à son mari brutal et déchirée par sa séparation d'avec son fils adoré, Clara ne survit que peu de temps.


Sorti de l'institution Salem, David revient chez lui pour y retomber sous l'autorité de son méchant beau-père. Afin de se débarrasser de lui, celui-ci l'envoie travailler dans une lugubre fabrique. Il s'en échappera peu après pour aller retrouver sa tante, à Douvres. La maison sise sur la falaise apparaît comme un véritable paradis à David qui y trouvera enfin le bonheur, ouvrant la voie à la deuxième partie de l'histoire où l'on va retrouver David sorti de l'enfance et ses premiers pas - difficiles également - dans la vie adulte.


Le roman de Dickens est en partie autobiographique, l'écrivain ayant glissé dans l'histoire de nombreux éléments de sa vie personnelle.
Ainsi, à 12 ans, le petit Charles Dickens travaille dans une entreprise de cirage, la famille connaissant de graves difficultés financières. Lorsqu'il évoque David dans la fabrique Murdstone et le déchirement de son âme, on sent qu'il s'est totalement investi dans ce souvenir.
Dickens décrira de même la prison pour dettes qu'a connue son Père à travers les malheurs de la famille Micawber. Si le personnage de cet homme haut en couleur entraînant sa famille dans ses divers essais de faire fortune jusqu'à son départ en Australie est traité sur le ton de la comédie, Dickens y montre bien son obsession de la misère et du besoin d'argent.


David Copperfield a connu diverses adaptations au cinéma, à la télévision et au théâtre.
Parmi les diverses adaptations que j'ai pu voir, celle présentée ici est ma préférée, avec la version de Simon Curtiz en1999 - plus fidèle au roman mais à l'interprétation plus inégale - et celle réalisée par George Cukor en 1935 - qui bénéficiait de l'interprétation bouleversante du jeune Freddie Bartholomew -.


Le David Copperfield de Peter Medak - réalisateur britannique d'origine hongroise - est une production américano-irlandaise, tournée en Irlande en 2000. Suivant la plupart du temps fidèlement les divers épisodes du roman, elle en diffère cependant par l'importance accordée au personnage de Murdstone et de sa soeur, véritables êtres malfaisants qui surgissent à divers moments de la vie de David.


La scène qui commence et clôture le téléfilm est de même un rajout destiné à nous présenter immédiatement le coeur du drame. Jeune adulte, David rencontre en Suisse dans un luxueux hôtel, son beau-père Mr Murdstone, à qui il s'adresse vivement, lui reprochant ses méfaits; il a causé la mort de sa Mère. Bouleversé, il commence à écrire le roman de sa vie.
Si cette introduction est une pure invention par rapport au roman, elle permet d'introduire l'histoire de façon originale.


Somptueuse réalisation qui n'a rien à envier aux adaptations cinématographiques, le téléfilm anime sous nos yeux tout le petit peuple de l'univers dickensien - qui peut se vanter d'avoir vu son nom devenir un adjectif ? -: La famille Peggotty vivant dans un bateau échoué sur la plage, la famille Wickfield vivant sous la coupe du sournois Uriah Heep, l'original Tante Betsy et le vieux Dick, adorable mais plutôt dérangé....


L'interprétation, sans comporter de très grands noms, est de grande qualité.
On retiendra surtout les deux attachants jeunes acteurs interprétant David enfant puis jeune adulte, - Max Dolbey et Hugh Dancy -, le talentueux Anthony Andrews dans le rôle du détestable Mr Murdstone, Franck Maccusket qui interprète un excellent Uriah Heep - mielleux et visqueux à souhait -, Sally Field en Tante Betsy et dans le rôle assez court de Mr Wickfield, quel plaisir de retrouver Edward Hardwicke - l'excellent Dr Watson de la belle série Sherlock Holmes des studios Granada -.


Un excellent téléfilm à découvrir.


La version de George Cukor, en 1935 :
https://www.senscritique.com/film/David_Copperfield/critique/104513424

Créée

le 22 sept. 2019

Critique lue 759 fois

9 j'aime

13 commentaires

m-claudine1

Écrit par

Critique lue 759 fois

9
13

Du même critique

Ben-Hur
m-claudine1
10

Ben-Hur et mon vieux cinéma de quartier

Il est bien entendu difficile d’écrire sur son film préféré sans tomber dans le commun « magnifique, grandiose, parfait…. ». Bien sûr, Ben-Hur est tout cela mais je pense intéressant de vous...

le 7 déc. 2016

44 j'aime

48

Rebecca
m-claudine1
10

Romantisme et suspense

La rencontre de Daphné du Maurier, spécialiste des grandes histoires romantiques et d'aventures de l'Angleterre du 19ème siècle, et du maître du suspense Alfred Hitchcock peut sembler surprenante. De...

le 3 oct. 2020

43 j'aime

37

Amicalement vôtre
m-claudine1
10

So long Sir Roger Moore

Série culte des années 70, Amicalement Vôtre présente deux riches hommes, qui une fois fortune faite, Danny dans le monde des affaires et Brett par héritage de sa noble famille, semblent mener une...

le 24 mai 2017

38 j'aime

56