Ce documentaire offre une histoire double et passionnante. La rue vers l’or à travers l’histoire du cinéma et le cinéma à travers l’histoire de la rue vers l’or. Les deux sujets, au premier abord très différents, sont ici intimement liés.
La ruée vers l'or du Klondike a transformé une petite communauté indienne en une ville de 40 000 habitants en 1898 (tout en ayant viré les autochtones au passage) : Dawson city. Le documentaire raconte tout d’abord l’histoire de cette épopée. Un feu de paille, car la destinée de cette ville n’est qu’un long déclin.
En parallèle, une autre épopée est racontée, celle de l’émergence du cinéma et de son premier support, la pellicule à base de nitrate. Un support extrêmement inflammable (même plongée dans l'eau) et responsable de nombreuses morts, utilisé jusque dans les années 50. 75% des films muets de l'époque auraient ainsi été perdus.
Mais comment ces deux histoires se rencontrent ? Les 40 000 habitants de Dawson city, il faut bien les occuper. Et en l’absence de Netflix, il y avait le casino, la salle de bal et le cinéma. Sauf que cette ville du Klondike est paumée au milieu de nulle part. Alors quand les studios envoyaient une bobine, ils ne s’embêtaient pas à la récupérer. Plusieurs tonnes de bobines ont fini dans le Ykon. D’autres ont été brûlées. Mais certaines ont servi de remblai.
Grâce à ces conditions exceptionnelles, l’isolement et le froid, le sous-sol de Dawson city possédait alors un trésor inestimable. Plusieurs bobines ont ainsi été sauvées et avec elles, des films du cinéma muet sont sortis de l’oubli.
Le documentaire se joue de ces deux histoires et nous perd parfois dans une ribambelle de noms qui ne prennent sens qu’au bout d’un moment. Parmi le name dropping, un est particulièrement amusant. Sur le chemin de Dawson city, un certain Fred Trump a ouvert à Whitehorse une maison close. C’est de là que vient la fortune familiale de Donald Trump.
Ce long-métrage est passionnant, même si au milieu, il aborde toute une séquence qui me semble déconnectée de son sujet (notamment avec le baseball). Comme si le réalisateur voulait absolument montrer des séquences d’actualité sauvées de l’oubli.
Dommage, car cela nous sort un peu du sujet. Mais dans l’ensemble, je garde cette image que la richesse de Dawson city ne vient pas de son or mais de ces films retrouvés.