Penelope Spheeris fait, avec une précision quasi documentaire, le portrait d'un ado aux pulsions meurtrières incontrôlables. Dans son périple meurtrier, il est accompagné de son pote de lycée, Bo. Roy est clairement le meneur. Il est presque illettré et vit dans une caravane comme beaucoup d'Américains. Bo est le suiveur influençable, fasciné par le nihilisme de son ami.
Spheeris dissèque la personnalité de Roy, mais aussi la dynamique mortifère du duo. Comme dans tous les duos meurtriers, on comprend vite qu'aucun des deux ne serait sans doute passé à l'acte seul et que c'est leur amitié qui va les faire basculer. Leur amitié les soude et les isole des autres. Spheeris s'attache à montrer leur aliénation, le rejet dont ils sont victimes et qui renforce leur amitié. En même temps, ce sont clairement des asociaux (surtout Roy) et ils sont incapables de nouer des relations en dehors de leur "couple".
En plus d'être presque illettré et asocial, Roy est rempli de haine et de frustrations. Un rien déclenche sa rage, particulièrement le spectacle du bonheur chez les autres. Spheeris s'est attachée à filmer le visage renfrogné de Maxwell Caulfield déformé par la haine quand il voit des couples s'embrasser, des gens s'amuser et discuter.
Les deux acteurs sont remarquables de justesse, particulièrement Caulfield. Charlie Sheen, le copain soumis encore sauvable, apporte un peu d'innocence dans toute cette noirceur.