Dear Angelica est un court métrage d'animation entièrement conçu pour la réalité virtuelle et il faudra donc s'y plonger dans tous les sens du mot afin d'en approcher les merveilleux contours. Loin de n'être qu'un simple gadget technologique la réalité virtuelle laisse entrevoir ici la promesse de mille possibles pour le cinéma et la création. Le film de Saschka Unseld est une porte ouverte sur l'imaginaire et un bel objet de fantasme pour les cinéphages qui plus encore que de rentrer dans un film pourront maintenant s'y immerger et même s'y perdre.
Dear Angelica raconte l'histoire d'une jeune fille qui du fond de son lit et de sa chambre écrit une lettre à sa mère, une comédienne disparue interprétée par Geena Davis. Les images de ses films et de la réalité se confondent tissant les souvenirs émouvants d'une jeune fille pour une mère qui n'est plus là.
La force de l'expérience Dear Angelica tient toute entière dans cette nouvelle façon de regarder un film et dans tout ce qu'elle fera naître comme fantasmes pour le cinéphile qui s'y plongera. Dear Angelica est un film qui se regarde debout, totalement coupé du monde extérieur et dans lequel le spectateur s'affranchit des dimensions habituelles de l'écran pour se retrouver dans un monde graphique en 3D et à 360°; vous ne serez donc plus spectateur mais acteur de votre propre regard et plus aucun élément externe ne vous fera quitter l'univers dans lequel vous êtes plonger en totale immersion. Dear Angelica nous emporte ainsi dans un univers graphique qui semble se dessiner à coups de pinceaux sous nos yeux émerveillés comme si nous étions plongés dans une œuvre artistique qui s'esquisse et se matérialise tout autour de nous de contours sinueux en explosions soudaines de couleurs. En épousant l'esprit vagabond de cette jeune fille qui repense à sa mère et ses heures de gloire cinématographiques nous nous retrouvons projeté dans un monde dans lequel se côtoie un immense lion majestueux, des super héros, des sirènes , des dragons, nous embarquons pour un road trip dans une décapotable qui se termine en gun fight contre des chars d'assauts, 14 minutes pour se perdre dans l'imaginaire jusqu'à finir par se retrouver perdu dans le cosmos et l'infini. Mais loin d'être seulement une brillante démonstration technique la mise en scène utilise la réalité virtuelle comme un formidable moteur d'émotions et lorsque l'on se retrouve comme aspiré vers le ciel dans un lent et magnifique travelling arrière en laissant cette jeune fille endormie dans ses rêves et ses souvenirs le tout sur une très belle mélodie pop, il n'est pas impossible que votre regard s'embue de quelques larmes sous le casque face à ce sentiment d'abandonner pour toujours un être cher. Dear Angelica est vraiment une petite merveille.
J'ai passé une bonne partie de ma vie à me perdre, me retrouver, m'oublier et m'égarer dans des films et je redécouvre encore des sensations nouvelles et tellement excitantes. J'aimerai que des grands noms du cinéma s'empare de cette technologie, j'en chialerai de bonheur si je pouvais me retrouver dans un Miyazaki, j'aimerai plus que tout mes rêves m'immerger dans un cauchemar cotonneux de David Lynch, je veux replonger comme un gosse dans la mélancolie coloré d'un Pixar et tant d'autres possibilités encore. J'ai tant de films imprégnés en moi , dans mon cœur, dans ma tête et dans mes tripes que je voudrais me perdre dans cette si douce et si belle alternative du réel, m'immerger dans de tels des paradis artificielles et oublier les bruits sourd et disgracieux du dehors. L'accomplissement du cinéphage ne sera peut être plus d'aller dans un cinéma mais carrément de se plonger dans un film.