Critique de Défense d'afficher par Fayless
Court-métrage audacieux mais qui raconte une "histoire", ou plutôt une péripétie, bien trop simple.
Par
le 9 août 2013
Méliès est un des pionniers du cinéma et de ses techniques. Venu du théâtre, il a introduit les trucs des illusionnistes à l'écran, atteignant des résultats inédits lors de films comme Un homme de têtes (1898) ou Le Voyage dans la Lune (1902). Son œuvre est la première qui ait permis, à ce niveau en tout cas, d'envisager le cinéma comme un nouvel art.
Par rapport à l'ensemble de cette œuvre, Défense d'afficher dénote, quoique les deux premières années (1895-1896) comportent de nombreux films perdus (on ne saura pas si le cycle Dessinateur notamment permis à Méliès de s'exercer ou avait des qualités supérieures). Dans Défense d'afficher, deux colleurs se disputent un mur qu'un soldat est censé surveiller. L'affiche collée au mur fait la promotion du théâtre Robert Houdin, détenu par Méliès.
Ce court-métrage sans richesses flagrantes traîne plusieurs anecdotes dignes d'intérêt. Il est modérément long pour l'époque (il dépasse les 70 secondes), c'est le premier film publicitaire de Méliès et surtout l'un de ses plus anciens. N°15 de son catalogue, il est le plus vieux connu à l'exception d'Une partie de cartes (n°1), une de ses trois premières comédies avec L'Arroseur (n°6). Ces deux derniers sont fortement inspirés de films des frères Lumière, le premier étant une parodie et l'autre quelque chose comme un plagiat.
Le gag est sans doute plus élaboré (plus de personnages, action plus épaisse) que celui du pionnier L'arroseur arrosé (1895) mais pas mieux rempli et, durée oblige, étiré en vain. La représentation manque d'allant et de naturel, l'angle du plan tient à distance le spectateur. Comme toujours avec Méliès, il s'agit d'un jeu d'illusions et de dupes, mais cette fois il faut le vouloir pour se faire avoir, contrairement à cette piteuse sentinelle.
C'est néanmoins déjà plus enthousiasmant qu'Une partie de cartes. Reste que le show pur et dur, les trucages, vont mieux à Méliès que l'humour. Les premiers effets spéciaux seront exhibés dans Escamotage d'une dame au théâtre Robert Houdin, puis Le Cauchemar et Le Manoir du Diable découvriront les penchants allègrement morbides du cinéma de Méliès, tandis qu'Après le bal se chargera du rayon transgressions. Tout cela la même année, 1896.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les films qui abusent sur le placement produit, Le Classement Intégral appliqué aux Courts (Zogarok), Les meilleurs films des années 1890 et Les meilleurs films de Georges Méliès
Créée
le 15 sept. 2016
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