The Best Of Nico

Avec ce septième film, la saga Nico Giraldi semble entrer dans sa seconde phase avec la série des Delitto quelque chose… Crime à Milan (Delitto A Porta Romana) est peut être le dernier film narrant les aventures de Nico Giraldi à être relativement connu en France ; même si bien sûr tout est relatif. En tout cas c'est le dernier à être disponible en France sur Netflix, les quatre autres films qui viendront clôturer la saga étant bien plus difficile à trouver par chez nous. Avec Delitto A Porta Romana le personnage et la saga vont s'installer dans une dimension un peu plus humoristique avec notamment la présence plus régulière du personnage de Franco « Venticello » Bertarelli toujours interprété par Bombolo qui passe carrément pour ce film de quasi-figurant à second rôle et même moteur de l'histoire. Quant à Nico il semble de son côté un peu se ranger et se conformer à une vie plus familiale.

Crime à Milan reprend un petit peu le même ressort scénaristique que le précédent film Meurtre sur le Tibre. Une nouvelle fois Nico Giraldi doit innocenter un coupable trop idéal en retrouvant le véritable assassin, cette fois ci c'est l'amant d'une femme volage. Ce type accusé à tord alors qu'il s'était planqué sous le lit de la victime lors d'un cambriolage c'est donc Franco Venticello Bertarelli et Nico doit écourter ses vacances en camping car avec sa femme enceinte accompagnée de sa grand mère pour venir aider son vieil ami.

Sans trop de surprise on se retrouve ici dans la parfaite continuité de Meurtre sur le Tibre. Il faut toutefois noter que Angela, la femme de Nico, n'est plus interprétée par Roberta Manfredi mais par la pétillante Olimpia De Nardo qui se retrouve donc définitivement mariée et enceinte avec le maréchal qu'elle avait croisée quatre ans auparavant dans Un flic Très Spéciale mais dans un tout autre rôle. Un changement un peu perturbant au début mais pas vraiment préjudiciable tant Olimpia de Nardo s'avère être d'un tempérament explosif et comique plus fort que Roberta Manfredi, en tout cas on l'imagine plus facilement faire face et recadrer son incorrigible dragueur de mari, d'ailleurs elle débarque régulièrement durant le film pour lui faire des crises de jalousie. Très orienté vers la comédie le film permet aussi de faire la connaissance de la grand mère d'Angela, une vieille dame, toute petite et toute tremblotante mais prétexte à une série de gags certes pas très fins mais souvent amusants. Au niveau de l'intrigue Nico Giraldi se trouve donc à devoir innocenter son copain de la rue face à un véritable assassin issus comme souvent d'un milieu plus bourgeois. Tout comme dans Meurtre Sur Le Tibre l'intrigue policière n'est pas des plus palpitante mais elle semble tout de même un peu moins poussive et anecdotique que dans le volet précédent. Les séquences d'action plus discrètes n'en sont pas moins efficace avec notamment une course poursuite dans les rues de Milan dans laquelle Nico sur des patins à roulettes tente de rattraper une voiture. Crime à Milan est plutôt bien équilibré entre les différentes constantes de la saga et offre de fait un bon divertissement toujours aussi bon enfant.

Plus encore que dans les précédents films certaines thématiques se retrouvent renforcées comme l'opposition entre le maréchal Giraldi issus de la rue et tout un monde plus aisé et bourgeois. On en apprendra un peu plus sur le père de Nico, sur une forme de solidarité entre les anciens de la rue face à tout un monde qui sous des costumes bien taillés cachent des comportements plus lâches. Le maréchal Nico Giraldi ira jusqu'à lutter contre sa propre hiérarchie qu'il défiera en s'invitant à un dîner mondain organisé par son supérieur hiérarchique en l'honneur d'un député et dans lequel il viendra mettre le souk en rotant et montant sur les tables. Ce dîner mondain trouvera un reflet plus positif avec le repas final réunissant Nico et sa femme avec une assemblée digne d'un film de Dino Risi ou Ettore Scola. Plus amusant encore Nico, plutôt macho et dragueur, se fera le défenseur des femmes en obligeant un gros patron malotru d'un club de strip-tease à danser nu sur la scène de son cabaret pour le punir de son comportement injurieux envers ses danseuses. Le film possède même une petite touche d'émotion bien venue comme lorsque Nico dans une ambulance se lance dans une folle course sur l'autoroute avec les yeux brillant de larmes pour que son futur fils naisse absolument à Rome. L'humour est toujours aussi lourd que bon enfant (enfin pour l'époque) et l'on verra Bombolo en prison avec une gros dur tatoué qui veut se marier avec lui ou Tomas Milian demander à une servante noire qui s'appelle Bianca si son mari travaille au noir (Oui ce n'est pas d'un haut niveau de comédie) Techniquement la réalisation de Bruno Corbucci est toujours aussi dilettante et en plus des faux raccords multiples et de doublures cascades à peine dissimulées on aura droit à une une scène surréaliste dans laquelle on voit clairement le bras d'un technicien qui fait des moulinets pour appeler une comédienne à rentrer dans le champ.

Malgré les défauts habituels de la saga (humour un peu lourd - scénario sommaire - technique faillible) Crime à Milan se classe pour moi comme l'un des meilleurs film de la saga car l'équilibre entre ses différentes constantes (action, humour, thriller, fond social) est assez parfait avec en plus une petite touche d'émotion pas désagréable.