Déluge
5.9
Déluge

Film de Felix E. Feist (1933)

Longtemps considéré comme perdu et donc oublié, Déluge réalisé par Felix E Feist devra sa résurrection à la découverte d'une copie doublée du film en Italie puis d'un nouveau négatif en Anglais retrouvé en France en 2016. Nous pouvons donc désormais (re)découvrir le premier film catastrophe de l'histoire du cinéma qui aborde directement ou en sous texte des thématiques toujours aussi contemporaines.


Nous sommes donc au début des années 30 et un tremblement de terre vient frapper directement et détruire New-York et une partie des USA suite à de terribles inondations. Séparé de sa femme et de ses deux enfants après la catastrophe Martin tente de survivre dans un monde qui essaye de se reconstruire en société mais dans lequel sévit des hordes de pillards violents.


Déluge est un film globalement assez noir et sombre dans son intrigue mais qui possède aussi un charme rétro absolument irrésistible. Découpé en deux parties l'une racontant la catastrophe et l'autre ses conséquences pour les survivants le film de Felix E Feist est à la fois spectaculaire, intimiste et dense en matière d'enjeux dramatiques. La destruction de New-York par un séisme entraînant en tsunami est un pur bonheur pour les amateurs comme moi des bricolages magiques et presque enfantins des premiers effets spéciaux. Alors oui c'est comme un vieux magicien dont on verrait un peu toutes les ficelles des tours maladroits mais quel plaisir de voir ses maquettes et miniatures finement construites se casser la gueule et se retrouver recouverte par des trombes d'eau, elles sont belles ces transparences un peu foireuses de populations qui courent affolées et ils ont vraiment de la gueule ces décors peints aux allures presque irréelles. J'adore tout cet aspect profondément organique, naïf et artisanal du cinéma et aussi bancale soit elle cette catastrophe filmée a plus de charme que toutes celles générées par ordinateur ses dernières années. Même si le film ne possède pas de message écologique à proprement parler, impossible de ne pas penser face à ce mélange de tempête, d'inondations et de séisme aux dérèglements constant du climat et de la planète. Mais la force de Déluge est peut être de nous dire qu'une fois la catastrophe passée il faudra encore composer avec les humains qui restent sur terre.


Dans sa seconde partie Déluge s'articule sur plusieurs ressorts narratifs et dramatiques intéressants. Il y-a déjà ce couple Michel et Hélène qui séparés par la catastrophe sont persuadés que l'autre est mort et vont chacun de leur côté trouvé du réconfort dans d'autres bras. Et puis il y-a surtout une société à reconstruire avec une nouvelle vie communautaire et en marge des pillards violents et à peine hors la loi puisqu'elle n'existe plus. Au centre des convoitise de tous, du moins de beaucoup, se trouve souvent la femme, à la fois trophée, symbole de stabilité et de plaisir. La femme qui va cristalliser un peu tout ça c'est Claire (Superbe Peggy Shanon mais toutes les actrices en noir et blanc sont magnifiques), d'abord réfugiée dans la cabane de deux hommes qui se disputent ses faveurs jusqu'à essayer de la violer , elle finira par fuir et trouvera refuge auprès du héros du film tout en restant traquée par un des deux hommes qui revendique haut et fort le fait qu'elle lui appartient. Cet homme ira chercher de l'aide auprès de cette bande pillards que l'on devinera au détour d'une scène être aussi une bande violeurs et d'assassins. Des hors la loi crasseux qui puent la sueur, une jeune femme en détresse, un héros avec une belle chemise et une coupe impeccable, des villageois qui s'organisent en expédition punitive ; le film de Felix E Feist semble refaire glisser l'Amérique au temps du Far West sauvage une fois la catastrophe passée et son film prend alors parfois des allures pas désagréables de western. Bon le film est un peu vieillot et pas très moderne sur l'image qu'il donne des femmes, personnages secondaires toujours très dépendantes des jeux de pouvoirs des hommes, de leur courage et de leur protection mais Peggy Shanon tire largement son épingle du jeu et incarne peut être le personnage le plus marquant et le plus touchant du film.


Déluge est vraiment un chouette film à redécouvrir, il transpire d'une certaine naïveté de confection dans ses pourtant spectaculaires séquences de destructions mais il distille aussi un message pas forcément très positif sur l'humanité et son avenir. Dans ce cahot de ruines et de sentiments il faudra que l'amour retrouve son chemin, mais n'oubliez pas quad même de lui demander son consentement.

freddyK
7
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le 9 déc. 2024

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Freddy K

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