Demain est un film doté d'indéniables qualités : bonne BO, belles images, la voix de Mélanie Laurent à la narration mais surtout un message d'optimisme qui ne tombe pas dans le bon sentiment convenu. En effet, le film propose une réelle démarche réflexive partant d'un problème spécifique (l'alimentation) et s'ouvrant petit à petit à des problématiques plus larges (énergies, économie, démocratie, éducation).
En revanche, on a le sentiment d'un film fait par "les gens des pays du Nord" pour "les gens des pays du Nord". Il est ainsi frappant de constater que les pays en développement sont quasiment absents du film : un exemple en Inde, quelques allusions à l'oral à des projets non européens ou nord-américains et c'est tout. L'Amérique latine, l'Asie et, bien plus grave à mon sens, l'Afrique (continent aux enjeux ô combien nombreux) sont des espaces totalement absents de la réflexion menée par le film. Cela est très paradoxale et dommageable lorsqu'on sait que du point de vue démographique les principaux enjeux se trouvent dans ces espaces. Peut-être un choix d'unité pour le film et le discours tenu mais il n'en demeure pas moins qu'on a l'impression que les réalisateurs ont réfléchi dans un monde clos, sans mise en perspective et comparaison réelle. C'est vraiment dommage quand le message du film est justement de chercher ailleurs d'autres solutions pour demain. Je suis convaincu que l'Europe et l'Amérique du Nord ne sont pas les seuls à pouvoir en proposer.
Le film reste bien évidemment intéressant à voir, en particulier avec des enfants ou des scolaires, car très pédagogique. Il est ensuite possible - et nécessaire - par la discussion de faire ce travail de mise en perspective.