Après une trop longue absence, Kathryn Bigelow envoie sur terre son dernier né.



Et j'ai enfin réussi au cours de ce film à comprendre ce qui faisait la force de cette cinéaste ! Pas ses couilles. Pas sa féminité.
Sa capacité à rendre humains et tangibles les poncifs les plus éculés des genres auxquels elle s'attaque.



Les vampires sont des fils-de-putes qui tuent la nuit sans que personne ne s'en aperçoive ? J'achète. Un jeune agent du FBI se passionne pour le Surf à cause d'un pseudo-bouddhiste charismatique qui lui offre des sauts en parachute ? J'y crois.
Un officier de sous-marin soviétique préfère déclencher une mutinerie et envoyer ses hommes vers une mort certaine ? Oui.


Là, elle s'attaque à du lourd : le film de guerre d'Irak. On en a eu plein, et tous partagent plus ou moins leurs figures imposées avec leurs grands frères, les films du vietnam : petit geek qui a peur de mourir, sergent qui va pas au front, mec qui laisse femme et enfant pour accomplir son devoir, qui en plus est une tête brulée complètement irresponsable... Kathryn nous mitonne un bouillon avec tous les ingrédients, sauf que sa façon de procéder personnelle me le rend agréable, du moins n'ai-je pas cette sensation de déjà-vu, même quand je l'ai déjà vu !



Parce que derrière les poncifs, se cachent de vrais êtres humains. Le petit geek, le sergent bienveillant, le démineur monomaniaque... Existent tous sans l'ombre d'une possibilité quelconque de remise-en-cause.


Alors ensuite, d'un stricte point de vue personnel, j'ai préféré Strange Days qui fut un tel choc en 96 qu'il a fini numéro 1 de mon Top cette année là, mais je dois reconnaitre que son Hurt Locker parvient à se hisser au dessus du lot de ses contemporains, pas par son originalité formelle, mais par son angle d'attaque qui le rend puissamment original.


Ensuite, après une première demie-heure qui laisserait entendre que le film va être une série répétitive de désamorçage et d'explosions, Le scénario arrive à donner le change, au cours d'une scène de tireur embusqué démesurément longue et oppressante, qui dévoile de nouvelles facettes des personnages ( et quand Jeremy Renner donne à boire à Anthony Mackie, c'est juste... Beau ).



J'aime aussi que, contrairement à ce faux-film-génial qu'était The Kingdom elle ne donne aucun visage à l'ennemi. Le vilain serial-bomber restera anonyme, on ne le retrouve jamais pour le pendre avec ses tripes ou quoi que ce soit... Et la scène ou Jeremy Renner s'introduit chez un brave docteur complètement dépassé par les évènements relève plus de l'incompréhension culturelle totale, que de la haine raciale échevelée à la Hollywood.


Le film suit des hommes, et ces hommes n'ont pas accès aux adversaires, ni aux victimes, ni aux civils... Sauf quand le hasard et la dramaturgie les met brièvement en relation...

Ces hommes n'ont aucune velléité politique ni de but pétrolifère détourné. 

La preuve, quand ils croisent cette bande de mercenaires britanniques, ils ne font pas état de leur légitimité à être là...


Bon, maintenant, car il en faut un, j'ai un bémol à émettre. Le sub-plot de Beckham est très bizarre et se finit en eau de boudin. Jeremy Renner croit reconnaitre en un cadavre ensanglanté le jeune vendeur de DVDs frelatés. Ça le pousse à quitter la base, se foutre dans la merde, et plus tard risquer inutilement la vie de ses deux techs dans une intervention militaire des plus connes : " Y'a trois rues, on est trois. On va s'séparer ! " ( mais le personnage est une tête brulée irresponsable, alors je suis obligé de dire " oui ", passons... )



Bref, le lendemain Beckham réapparait comme une fleur. Moi je me suis même dit : " c'en est un autre, c'est pour montrer que les pauvres marmots sont interchangeables et que s'il l'ignore c'est pour ne pas s'attacher émotionellement... " mais en fait non, c'est bien Beckham et qu'il avait mal vu...

Et du coup je vois pas bien la morale de cette histoire, et pourquoi il l'ignore sans même être surpris qu'il soit là à lui vendre des DVDs alors qu'il lui a dépecé le bide juste avant... ( Secrètement je préfère rester sur ma première impression : Beckham est mort et l'autre c'est un clone. La preuve : il a pas le même T-shirt ! )


mikeopuvty
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le 1 oct. 2011

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Mike Öpuvty

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