Un film qui se casse la gueule, mais sans se faire trop mal, parce que ça volait déjà pas très haut.

Demolition c'est d'abord l'histoire d'un mec (Jake Gyllenhaal) qui perd sa femme dans un accident de voiture. Il n'aimait pas sa femme, ses beaux-parents ne l'aimaient pas, et finalement sa femme non plus ne l'aimait pas.

Du coup, ça commençait avec une belle idée : un mec qui se déteste de ne pas laisser paraître un soupçon de tristesse, "comme tout le monde" (et je met cette phrase entre guillemet, parce qu'elle est importante). Il est alors perturbé, et ne sais pas comment extérioriser une peine qu'il ne pense même pas avoir. Il se met donc à tout démonter. Il inquiète son beau-père et patron, qui le met en congé maladie. Il se met donc à tout démolir. Ca n'inquiète personne, mais ça amuse le fils de sa nouvelle pote du SAV de l'entreprise qui lui a pas donné son paquet de M&M's.

Alors, le film commence à tenir son sujet. Un veuf qui ne sait pas comment exprimer sa peine, cherche à s'affranchir des codes biens définis de son train de vie, pour exprimer à sa façon ses sentiments, parce que le modèle établie te fait croire que tu peux être différent, alors que tout est fait pour que tu sois... "comme tout le monde". Et puis tout se casse la gueule.

Déjà, il y a quelque chose de vachement désagréable qui m'avait déjà gêné dans Mommy, de Xavier Dolan (deux réalisateurs assez proches, je précise, cinématographiquement parlant). Ce besoin de guider le spectateur par le bout du nez, de lui dire : là tu pleure, là tu ris, là t'es scotché, là t'as peur, là tu compatis... Pourquoi ce besoin de faire passer tout le pathos par la bande-son ? Est-ce que les réalisateurs sont à court d'idées cinématographiques au point de ne plus faire passer leur message par l'image ?

Le film part dans tous les sens. Finalement, sa femme ne l'aimait pas, elle l'a même trompé avec un type. En apprenant ça, il finit enfin par pleurer. Cet homme brisé avait seulement besoin de pleurer. Et puis la fin, le manège sur la plage, mais quelle vulgarité ! JMV laisse échapper son sujet, et ça donne un film qui se ment un peu à lui-même, qui croit raconter quelque chose et puis qui finalement, ne dis rien. On sort de la salle pas plus avancé qu'en arrivant, et c'est bien dommage.

Du coup ce film me laisse une question. Est-ce que Jean-Marc Vallée a dû se plier aux contraintes de la production ? Si oui, ça expliquerai beaucoup de choses. Si non, c'est un bel échec. Dans tous les cas, c'est plutôt raté.