Crash
Durant un accident de voiture, sa femme décède et lui survit. Alors que Davis devrait pleurer sa tristesse et être submergé d’un chagrin insurmontable, il ne ressent rien, continue son train-train...
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le 14 avr. 2016
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Sacré Jake Gyllenghal ! Il joue toujours des personnages tout à fait ordinaire!
Le film joue sur les décalages entre l'individu et les normes de la société dans laquelle on vit et le personnage principal est très intéressant car il navigue à contre-courant et est imprévisible.
Alors que sa femme meurt, son entourage attend de le voir dévasté alors qu'au contraire il fait comme si rien n'était. Ca me rappelle l'oncle Hulot dans les films de Jacques Tati, ce décalage constant entre les valeurs de bonne conduite de l'individu et celui qui ne comprend pas les codes ou qui ne veut pas les respecter
Le film est surprenant car il joue totalement avec cela.
Un des sujets principaux du film est l'isolement de l'homme moderne dans la société. Le personnage principal affalé dans son lit et dans sa tour d'ivoire de verre regarde des singes en train de se toucher les uns les autres. Le parrallèle entre la condition de l'homme moderne et l'animal est criant, l'animal vit en communauté l'homme vit essentiellement individuellement.
Il est perdu dans une foule où les individus sont très nombreux et ne font plus qu'une masse de gens qui marchent chacun de leur coté sans interraction entre eux.
Entre l'épanouissement de l'individu et ce que la société attend de lui, les écarts sont vertigineux.
Le personnage ne sait pas ce qu'il est, ne sait pas ce qu'il ressent et il se resserre comme une huitre sur lui-même.
La tristesse n'est pas extérieure mais intérieure, la seule manière de ressentir quelque chose est de démolir l'extérieur pour se sentir soi-même.
Alejandro Jodorowsky avait écrit plusieurs livres très intéressants sur la psychomagie qui s'oppose à la psychanalyse classique instauré par des auteurs comme Sigmund Freud par exemple ( on retrouve cet affrontement dans le film d'ailleurs lorsque son patron lui propose d'aller voir un psy).
Pour Jodo, le patient se débarrasse de ses névroses et de ses nœuds psychiques par des actes ou des rituels symboliques et non par la parole.
C'est exactement ce que fait le personnage pendant tout le film. C'est une véritable recherche intérieure, le personnage démolit sa vie pièce par pièce.
Il trouve une fille perdue elle aussi à sa façon et les deux comblent leurs névroses et leurs peurs en restant ensemble et en se soutenant l'un l'autre.
Un destin croisé lorsque l'on apprend que la femme du perso principal le trompait et que désormais il devient une sorte "d'amant" de la jeune fille en couple.
Le montage du film est très réussi entre longs plans qui laissent le temps à l'image de parler et de s'exprimer et des supercuts très rapides qui s'enchainent.
La musique est l'autre point fort du film qui accompagne le film tout en rythme.
Beaucoup aimé aussi les faux semblants de la famille, les non-dits qui restent dissimulés mais qui ressortent violemment, la notion de ce que nous sommes en tant qu'individu et la notion de la fonction au sein meme de travail qui n'ont pas un grand sens.
C'est lorsqu'il souffre( que ce soit une blessure au pied ou intérieure) que l'etre humain est rattaché à ce qu'il est réellement, c'est la souffrance qui le fait vivre car on ressent quelque chose et ce ressenti nous fait réagir sur notre propre nature.
Dans ce jeu de faux semblants, de statut social, d'étiquette ( conversations de métro où chacun modifie sa propre réalité pour influencer l'autre) et de matérialisme excessif, la destruction rend libre l'individu et le tend vers sa propre nature véritable.
Amen
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Créée
le 15 avr. 2016
Critique lue 364 fois
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