La partition que signe Jerry Goldsmith, pour Dennis the Menace, synthétise parfaitement l’état d’esprit, le rythme et l’axiologie du long métrage. En adaptant la série de même nom, Nick Castle et John Hughes (ici producteur et scénariste) se montrent soucieux de respecter la candeur malicieuse de la série d’animation : les gags se suivent avec, à chaque fois, une trouvaille dans la bêtise qui équivaut à une trouvaille de mise en scène. La caméra virevolte, se juche au-dessus d’une voiture de police ou à l’arrière d’une remorque attachée au vélo de Dennis, ce qui donne l’impression de percevoir la réalité par le prisme de l’enfance et du jeu. Même les maisons, dans la façon qu’a le réalisateur de les filmer, paraissent à hauteur d’enfant, captées comme des maisons de poupées ou de vastes terrains de jeu.
Le rythme alerte assure l’enchaînement des petits sketchs, que lie ensemble la présence menaçante d’un vagabond cambrioleur, interprété par le talentueux Christopher Lloyd. Nous retrouvons alors une dichotomie chère aux productions de John Hughes, séparant le Bien et le Mal, respectueux de la morale derrière la transgression apparente qui n’est, en réalité, que l’expression d’enfants, d’adolescents ou de jeunes adultes incapables d’affronter le monde tel qu’il est – sérieux et décevant. À l’instar de Sergueï Prokofiev pour Pierre et le Loup, Jerry Goldsmith compose un thème par personnage et par situation – allégresse, danger, sentiments – ce qui participe à l’élaboration d’une œuvre totale, dont les thématiques abordées s’incarnent à l’écran par l’image, le mouvement, la musique et les sons (avec les bruitages de cartoon).
À ce titre, nous apprécions les accents dramatiques portés sur le couple des Wilson, notamment lorsque l’épouse revient sur la chaleur qu’elle a éprouvé en s’occupant de Dennis, tout à la fois poignants et authentiques, qu’aucun second degré ne vient miner – seulement une déclaration d’amour faite au chien ! S’il n’est pas exempt de répétitions, de lieux communs et de facilités, Dennis the Menace n’en demeure pas moins un divertissement de qualité qui a le mérite immense de représenter des enfants intelligents et espiègles.