Sorti en 2006, Dépôt de Bilan est un spectacle où Dieudonné, après la tempête médiatique et judiciaire qui a marqué sa carrière, revient sur son parcours. Ce spectacle, comme son titre l’indique, se veut une réflexion sur sa situation personnelle et professionnelle, tout en continuant de flirter avec la satire sociale et politique. Dès l’introduction, l’humoriste expose son regard critique sur les événements récents. Cependant, cette entrée en matière, enrichie par les interventions récurrentes de Jacky Sigaux, manque parfois de rythme et peine à installer une ambiance comique pleinement engageante.
C’est dans la partie centrale du spectacle que Dieudonné brille véritablement. Les sketchs sur Jésus sur sa croix et sur Hitler dans son bunker témoignent d’un humour noir incisif et maîtrisé. La capacité de Dieudonné à passer d’une figure universellement vénérée à un personnage unanimement honni est remarquable. Ces moments marquent l'apogée du spectacle, où son talent éclate au grand jour, mêlant audace et réflexion.
Le sketch sur les animaux offre également un souffle rafraîchissant au spectacle. À travers une touche d’humour noir et défaitiste, Dieudonné aborde des thématiques environnementales tout en restant fidèle à son style : acerbe, critique, mais toujours accessible. Cette dimension écologique ajoute une nouvelle facette à son répertoire, prouvant sa capacité à diversifier les sujets abordés.
Malheureusement, la conclusion du spectacle, avec le sketch "Mouvement vers rien", déçoit par son manque de cohérence et de pertinence. Cette partie souffre d’une construction désordonnée et semble étirer inutilement des idées qui n’apportent pas de nouveauté. Les piques lancées envers certains groupes, notamment les juifs, paraissent forcées et décalées, diluant l’impact comique et critique des segments précédents. Ce dernier acte donne l’impression d’un Dieudonné coincé entre provocation gratuite et recherche d’une finalité qui lui échappe.
En conclusion, Dépôt de Bilan illustre parfaitement le paradoxe de Dieudonné : un artiste qui navigue entre provocation et talent. Si le cœur du spectacle regorge de moments de génie, où l’humoriste démontre tout son art, l’ensemble est alourdi par une introduction et une conclusion en demi-teinte. Ce spectacle, à l’image de son auteur, divise : il séduira les adeptes de l’humour noir et de la satire politique, mais risque d’agacer par ses excès et son ton parfois répétitif.