Des filles pour un vampire par johell
Son bus bloqué par la tempête, une modeste compagnie de variétés trouve refuge pour la nuit dans un château isolé dans la montagne. Une sinistre atmosphère de mystère entoure la vieille demeure. Frappé par la ressemblance de Vera, la vedette de la compagnie, avec le portrait de l'une de ses aïeules, le comte Kernassy accepte finalement l'intrusion de ces étrangers. La nuit, une des jeunes danseuses, Katia, s'aventure dans les couloirs obscurs du château. Le matin, elle est retrouvée morte, vidée de son sang...
Réalisé au début de l'âge d'or du cinéma gothique italien, DES FILLES POUR UN VAMPIRE est mis en scène par Piero Regnoli qui fut assistant réalisateur sur le film LES VAMPIRES (I Vampiri) de Ricardo Freda (1956). Comptant parmi les premiers essais du film de vampires italiens, ce long-métrage est particulièrement intéressant à suivre car il mixe agréablement l'horreur et un érotisme soft issus du cinéma d'exploitation des années 60. Ainsi, on se retrouve avec une troupe de danseuses de charme qui se voient obligées de passer la nuit dans un lugubre château. Si le scénario n'est pas très élaboré, il distille une ambiance fantastique du plus bel effet. Le décor compte de nombreux couloirs, un passage vers un laboratoire secret, une crypte ancestrale, des jeux d'ombres et d'étranges serviteurs qui entourent le propriétaire des lieux.
L'imagerie du vampire est savamment utilisé, d'autant plus que le réalisateur s'amuse à entretenir un certain suspense sur la teneur des événements étranges qui se déroulent durant la nuit dans cette demeure... Que s'y passe-t'il réellement? On y parle de malédiction et de réincarnation d'un amour perdu. Les thèmes récurrents du genre sont donc déjà bien présents, avec son lot de jeunes femmes terrifiées. Ces ravissantes idiotes donnent au film une réelle dimension érotique via des petits détails troublants, comme ces déshabillés vaporeux qui laissent complètement deviner leurs dessous. On aura aussi droit à une séquence très réussie de striptease où l'une des "girls" fait une démonstration spectaculaire de son talent lors d'une répétition de danse.
Lyla Rocco, délicieuse jeune brunette aux cheveux courts, se démarque assez rapidement de l'ensemble de la distribution féminine. Dégageant un charme envoûtant, la comédienne ensorcelle assez rapidement le spectateur, au même titre que le comte Kernassy. Le réalisateur se concentre entièrement à ce personnage et à sa relation avec le maître des lieux. Basé sur des non-dits, cette histoire avance assez lentement, instaurant un climat de tension qui va crescendo jusqu'à la première apparition d'une créature de la nuit, étrange silhouette venant tout juste de profaner une tombe fraîche. Il y aussi cet instant assez troublant où une femme vampire entièrement nue vient trouver l'imprésario de la troupe dans sa chambre, les yeux bien écarquillés tout en lui montrant ses crocs proéminents. Cauchemar ou réalité? Le trouble s'installe...
A mesure que l'intrigue se noue, le long-métrage se fait plus explicite : morsure au cou, bagarre dans la crypte, meurtre avec un pieu enflammé dans le coeur, sang ruisselant le long des jambes de la victime, DES FILLES POUR UN VAMPIRE garde le meilleur de son spectacle horrifique pour un dernier acte riche en événements et autres révélations. Si cette oeuvre gothique italienne reste mineure, car on est quand même loin du chef d'oeuvre LE MASQUE DU DEMON (La Maschera Del Demonio) de Mario Bava (1960), il présente une belle variation de la thématique vampirique, entre son visuel baroque et l'imagerie du "nudie". Même sans perversion ni sadisme et tout en restant passablement soft à l'écran, il reste un honnête divertissement fantastique avec une ambiance très bien rendue par une belle photographie noir et blanc.