Rob Reiner semble se délecter des procédures judiciaires, et il est bien le seul. Car si sa mise en scène manifeste un talent certain pour figurer par l’image la rigueur militaire, son film est aussi aimable qu’une porte de prison : des dialogues à n’en plus finir qui tergiversent pendant trois plombes, des conflits hiérarchiques aussi prévisibles que lassants, un Tom Cruise séducteur tout droit sorti de Top Gun, ici peu crédible en avocat, Demi Moore fronce les sourcils pour se faire respecter, Jack Nicholson prend son petit regard cruel et joue le foufou. Nous avons l’impression que chaque acteur mixe sa soupe de son côté sans interagir avec autrui, si bien qu’à l’enchaînement mécanique des séquences répond une série de monologues agités par les propos d’autrui, mais nullement considérés pour ce qu’ils sont ou pour ce qu’ils apportent.
Des Hommes d’honneur entend s’emparer de l’hypocrisie qui gangrène l’édifice militaire mais passe son temps à répéter des mots – honneur, patrie, service, sauver des vies – qu’il ne motive pas assez, qu’il aplatit. Derrière le scandale ici rapporté, nous ne percevons jamais l’ambition d’un réalisateur soucieux de partager son point de vue ; en lieu et place, un défilé de postures et de paroles qui se suivent, se ressemblent et s’annulent enfin. La partition musicale signée Marc Shaiman peut, à la rigueur, justifier le détour.