Près de 5 ans après “Le moine”, Dominik Moll revient derrière la caméra pour réunir un duo un peu particulier : François Damiens et Vincent Macaigne, deux acteurs très talentueux mais jouant l’un et l’autre dans des registres assez différents.
Dès le début, le film annonce la couleur : François Damiens, en tenue de cosmonaute, flotte au dessus de Paris avant d’être ramener sur Terre par un appel de son ex-femme. Il n’en faut pas plus pour commencer la caractérisation du personnage, que l’on comprend évasif et perdu face à la normalité de son quotidien. Le film ne cessera d’ailleurs de le confirmer tant par les situations qu’il vie que par la structure du récit, qui enchaîne les péripéties avec une certaine rapidité qui semble srutout dérouter son protagoniste. Philippe n’est pas un très bon père ce qui fait qu’il se laisse rapidement déborder par ses deux enfants et il ne sait pas dire non, pour le plus grand bonheur des personnages qu’il rencontre au long du film. Les seconds rôles sont d’ailleurs l’un des points forts du film, puisque, d’une part, ils sont très bien écrits, et d’autre part, ont une relation particulièrement intéressante avec Philippe. En effet, le personnage de Philippe n’est rien sans eux et inversement; ce sont les interactions entre ces deux personnages qui font évoluer le récit sans qu’il n’ait besoin d’une intrigue très compliquée. D’ailleurs, le film est plutôt proche du concept de mini-intrigue puisque le personnage est assez passif face au monde extérieur et que ses conflits sont majoritairement intérieurs (l’éducation de ses enfants, faire partir Jérôme de chez lui…).
Si le film fonctionne si bien, c’est aussi parce qu’il a un atout qui, pour moi, est inhérent à tout bon film : un vrai fond. Le film parle des idéaux que chacun peut avoir. Tous les personnages, mis à part Philippe, sont fondés autour de l’idéal qu’ils ont, ce qui permet aux scénaristes d’insister avec légèreté sur l’intérêt que cela représente mais aussi sur l’obsession quasi aveugle que ça peut engendrer tout en le faisant comprendre à leur protagoniste principal. L’utilisation de différents symboles fonctionne aussi très bien et appuie le propos avec humour et sans être lourd.
D’un point de vue purement comique, c’est une réussite. L’humour est surtout basé sur des codes fantaisistes très bien amenés par le film, ce qui lui apporte une certaine folie très rafraîchissante. Malheureusement, cette folie s'essouffle et se perd un peu à la fin du film , un peu plus classique. Les dialogues témoignent d’une excellente maîtrise du timing comique : tout s’enchaîne avec un rythme parfait, notamment grâce au talent indéniable des acteurs. Même si le duo Damiens/Macaigne fonctionne vraiment bien et est très complémentaire, les seconds rôles ne sont pas en reste. Des enfants au patron de Philippe, en passant par son voisin, grand fan de Giscard, tous ont une utilité comique et symbolique dans le déroulement de l’histoire.
Pour finir, abordons un point malheureusement trop souvent négligé dans le milieu de la comédie française : la mise en scène. Donc ici, ambiance farfelue oblige, il y a un certain travail sur la mise en scène et la photographie. En effet, même si elles ne sont pas exceptionnelles, elles apportent une certaine ambiance visuelle au film et servent même un peu son propos (photo froide et champs contre champs très carrés au bureau, alors que l’appartement de Phillippe est filmé avec des cadrages plus imaginatifs et des mouvements de caméras plus libres).
Au final, Des nouvelles de la planète Mars se révèle être une comédie existentielle très drôle et bien écrite, une bonne surprise malgré ses quelques défauts.