Avant même sa sortie, explosent en 2006 sur la toile des bandes annonces et affiches détournées de Snakes on a plane, film devenu référence "geek" depuis grâce à la réplique : "Enough is enough ! I have had it with these motherfucking snakes on this motherfucking plane !".
Cet énorme buzz viral n'a pas empêché le film de se vautrer méchamment au box-office, Samuel L. Jackson gérant à tour de bras cobras et serpents à sonnettes à 30.000 pieds d'altitude n'ayant pas attiré les foules dans les salles. On aurait donc tendance à réduire le film à l'emballement qu'il a généré, ce qui ne rendrait pas honneur à cette honnête série B possédant du reste le mérite de redonner son sens à cette classification galvaudée. Car Snakes on a plane reprend les codes du film d'exploitation en dosant savamment premier et second degré, sans tomber dans la parodie rigolarde. Impossible non plus cependant de prendre totalement au sérieux le scénario que le titre résume à lui seul : un agent du FBI devant escorter en avion d'Honolulu jusque Los Angeles un témoin à charge va devoir le protéger de serpents prêts à bouffer tous les passagers.
Soyons clair : la seule finalité du film est de proposer un plaisir immédiat, peut-être coupable, mais en tout cas assumé comme tel grâce à ses punchlines efficaces et à sa mise en scène sans temps mort. A la différence de pas mal de productions parfois frileuses se réclamant de cette culture pop, Snakes on a plane en rajoute à foison. Nous n'avons pas quelques serpents qui vont subrepticement se glisser dans la carlingue mais une vingtaine d'espèces différentes qui dès la première péloche auront déjà mordu la moitié des protagonistes. C'est dans cet excès, avec un Samuel L. Jackson en pleine forme et Julianna Margulies qui endosse sans complexe son rôle d'hôtesse blasée, que le film déploie son arsenal de blockbuster d'action efficient.
Il ne faut pas oublier non plus que David R. Ellis n'est pas le premier tâcheron venu à qui on colle une caméra entre les mains. Déjà remarqué pour la direction de la gigantesque scène de carambolage dans Destination Finale 2, il a surtout un passif de cascadeur (L'Arme fatale, Jours de Tonnerre, etc.) qui lui a visiblement laissé un certain sens du rythme. Ne s'encombrant pas de notion de réalisme, Snakes on a plane enchaine alors les séquences d'attaques venimeuses, de turbulences aériennes ou d'hystérie collective dans un joyeux bordel où la tension ne retombe quasiment jamais, l'inscrivant bien plus dans la lignée des films catastrophes des 90's que dans l'ambiance horrifique.
Evidemment on pourra arguer que Ellis se complait dans la nostalgie facile mais avec son budget léger, Snakes on a plane exploite plutôt bien l'utilisation d'un lieu unique, là où pas mal de réalisateurs se sont récemment cassés les dents, Wes Craven et son Red Eye en tête. Construit en deux temps car d'abord prévu tout public, l'engouement autour du projet décide New Line à rappeler Samuel L. Jackson pour quelques jours de tournage supplémentaires histoire qu'il ajoute ses fameux "motherfucker". La boite en profite également pour inclure des plans un peu plus dénudés qui, s'ils n'apportent strictement rien en terme narratif, participent au charme un peu désuet du film.
Au vu de certaines critiques il semble donc nécessaire de rappeler que le métrage d'Ellis n'a aucunement comme ambition de marquer l'histoire du cinéma. Il se veut simplement un peu en dehors des sentiers battus tracés par des yes-men hollywoodiens en proposant une bonne dose de fun qui ne soit ni lisse, ni impersonnelle. Est-ce que vraiment on doit attendre autre chose d'un film nommé Snakes on a plane ?