Qui ne voudrait pas voir son film favori analysé, décortiqué, par ses intervenants et autres créateurs ?


Au delà de ce plaisir de fan, Dangerous Days : The Making of Blade Runner nous rappelle l'influence culturelle et esthétique d'un film à l'aune duquel sont comparées toutes les oeuvres dîtes cyberpunk depuis plus de trente ans, et ce quelque soit le champ culturel abordé.


Dangerous Days est un documentaire de 3h30, divisé en huit parties homogènes :
Ecriture du scénario et financement, Casting, Représenter le Futur, Début de Production, Tensions sur le tournage, Effets Spéciaux, Problèmes de Post Production, et enfin Héritage du Film.


On nous y présente par l'intermédaire de plus de 80 interviews vidéos la quasi intégralité des personnalités ayant oeuvré sur le film (Syd Mead, enfants de K Dick et Ridley, auteurs de monographies sur le film, acteurs, scénaristes, producteurs, même les financiers ayant sauvé le projet grâce à leur apport de fonds). Toutes les anecdotes connues de tous sur les choix opérés sur l'adaptation du roman de K.Dick, les multiples renvois de scripts et conflits de production, sont ici exposés par les personnes concernées, ce qui leur confère une valeur nouvelle. On regrette simplement l’absence d'une section consacrée à la musique de Vangelis, qui participe pourtant énormément à l'ambiance inimitable du long métrage.


Si l'on sent par moments une certaine retenue, on reste loin de la langue de bois et les tensions survenues sur le tournage sont clairement exposées au spectateur. Plus prosaïquement, on a également notre content en anecdotes triviales : Blade Runner c'est serious business, mais quelques piques et anecdotes fusent, ce qui fait toujours plaisir. Harrison Ford qui râle sur le travail de nuit sous la pluie, la découverte (circonspecte) de leur rôle par certains acteurs, parmi tant d'autre ..


On pourrait dresser une comparaison avec d'autres Making Of fleuve, tels que ceux réalisés pour illustrer le travail effectué par la Weta Workshop afin de créer l'identité visuelle de la Trilogie LOTR de Peter Jackson. On y retrouve la même sensation enivrante de plongée dans un autre univers, tout particulièrement dans la troisième partie de Dangerous Days, très visuelle et conceptuelle, un régal pour les yeux.


En effet, tout du long, de nombreuses images de tournages, d'art work/design d'objets et de bâtiments, témoignent des étapes de créations du film que nous connaissons tous. La construction progressive de cette identité visuelle inégalée, tirant parti du meilleur des oeuvres de Jean "Moebius" Giraud, des grandes années du film noir et du talent toujours aussi injustement méconnu de Syd Mead, se marie à merveille avec le récit "linéaire" des intervenants.


Issu d'un livre que finalement peu de gens ont apprécié, ou même lu sur le plateau, Blade Runner est un film protéiforme, né des contradictions et divergences artistiques de nombreux intervenants, tous désireux de marquer ce projet de leur personnalité. C'est ce bouillon d'influences et de visions parfois antagonistes que met au jour cet excellent documentaire, ambitieux et très bien produit, tant en terme de durée que de moyens. Si toutes les parties ne se valent pas en intérêt, les anecdotes dues à la production houleuse du film étant connues d'à peu près toutes les personnes s'intéressant au film, il reste un incontournable pour tout fan, à mon sens.

Florian_Brunnen
8
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le 19 févr. 2016

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